D'où un carrousel humain et matériel en direction du centre-ville. Une superficie urbanisée de 2600 ha, un parc logement de 127.658 unités avec une densité de 27 habitants au km2 pour une population de 871.659 âmes. Voilà, sommairement, ce qu'il y a lieu d'esquisser en termes de données démographiques pour tenter d'illustrer le poids sous lequel ploie le chef-lieu de wilaya. A cela s'ajoute un parc roulant pour toute la wilaya dépassant les 30.000 véhicules tous gabarits confondus. Ce qui en résulte est simplement intenable. Djelfa étouffe sous la pression incessante des flux humain et mécanique qui mettent les nerfs à rude épreuve. La police a beau multiplier ses effectifs au niveau des carrefours, rien n'y fait. Que cela se fasse dans la capitale ou dans une ville de la même taille, la situation passerait pour presque compréhensible, mais qu'une ville de l'intérieur du pays subisse les désagréments d'une congestion jamais enregistrée auparavant, suscite bien des interrogations, voire même de l'inquiétude à très court terme. Chaque jour est un cauchemar. La ville accueille plus de 4000 véhicules par jour pour la plupart déferlant des 35 communes, sans compter ceux de passage car Djelfa a aussi la particularité d'être une rocade qui plus est, est située sur la RN1. Tôt le matin, le centre-ville est littéralement assailli et l'incivisme aidant, cela se traduit par une panoplie d'infractions au code de la route ponctuées d'empoignades et de rouspétance avec les agents de l'ordre public. Mais le clou de cette «foire» demeure ces «engins roulants non identifiés» qu'on appelle à tort des trolleybus que certains transporteurs, peu enclins à l'observation des conditions minimums, en matière de circulation, récupèrent en toute impunité des wilayas où, par contre, les normes de viabilité mécanique et les règles sur l'environnement sont drastiquement appliquées. En plus du danger qu'ils représentent pour le piéton et en raison de leur état vétuste, ces engins polluent au quotidien l'espace urbain en dégageant un volume impressionnant de gaz brûlés. «Il faut nécessairement revoir le dimensionnement du réseau routier en mettant urgemment en application le nouveau plan de circulation», devait déclarer à L'Expression M.Chaïbout Ameur, le représentant du syndicat à la direction des transports de Djelfa. Et d'ajouter même, «il faut également réviser les critères d'actroi de lignes de transport en commun en milieu urbain car c'est plus de la ferraille qu'autre chose!» Il rappelle à cet effet, le fâcheux accident mortel où une fille à la fleur de l'âge a été fauchée par un bus dont le mécanisme de freinage était défectueux au moment où elle se rendait à l'école pour passer son bachot. Dans le même registre, fait-il noter, les ralentisseurs implantés à l'emporte-pièce participent simplement de la résorption de l'ire collective à chaque protesta. Par ailleurs, le centre-ville semble dégager un effet, magnétique envers l'habitant lequel donne l'impression de vivre le désoeuvrement et ceci complexifie davantage le problème du décongestionnement. Peut-être parce que, aussi, le tissu urbain est en général à usage d'habitation et que donc, les structures d'accompagnement sont presque inexistantes. D'où un carrousel humain et matériel venant des cités périphériques en direction du centre-ville, incapable aujourd'hui de contenir cette masse. Il ne manquait plus à ce décor que l'intrusion de femmes diseuses de bonne aventure, de mendiants venant de nulle part et de malades mentaux déambulant jour et nuit dans les rues. Un autre phénomène fait son apparition, à savoir ces nouveaux maîtres de la chaussée qui, armés de gourdin, rackettent les automobilistes au su d'une municipalité aux antipodes de l'ordre public. Passons sur les trottoirs que les commerçants squattent sans frais en mettant à mal le déplacement des piétons affairés. C'est simple, il arrive souvent qu'il y ait des bouchons d'humains. En tout cas, la ville ne respire que tard le soir non sans réserver son lot d'agressions. Mais la délinquance est une autre histoire.