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Quelles incidences sur le cours du pétrole?
REUNION DE L'OPEP-NON OPEP DEMAIN À VIENNE

les pays Opep et non Opep se sont engagés en faveur de la stabilité des marchés pétroliers
Le cours du Brent avait atteint le 3 octobre dernier, un pic de 86,74 dollars avant de chuter, il y a deux jours, à 59,19 dollars.
Face à cette baisse drastique, lors des réunions prévues à Vienne du 5 au 7/12/2018 seront examinés le rapport et les recommandations du Jmmc chargé du contrôle de la conformité aux ajustements volontaires de la production tels que décidés dans la Déclaration de coopération signée en novembre 2017, analysée l'évolution des marchés pétroliers depuis sa dernière réunion à Vienne tenue en juin 2018, et examinées les perspectives du marché pétrolier pour 2019.Sans passion, il s'agit d'examiner à la fois les fondamentaux et les facteurs géostratégiques qui influent sur le cours mondial Il existe des divergences sur le juste prix d'équilibre, entre petits producteurs à fortes population préconisant 75/80 dollars comme l'Algérie et le Venezuela, d'autres gros producteurs 65/70 dollars et les USA et l'Europe un prix entre 50/60 dollars. Au cours des différentes réunions tenues entre 2017/2018, les pays Opep et non Opep se sont engagés en faveur de la stabilité des marchés pétroliers, de l'intérêt mutuel des pays producteurs et consommateurs, de l'approvisionnement efficace, économique et sûr des pays consommateurs, d'un rendement équitable du capital investi ainsi que du retour de la confiance des investisseurs dans l'industrie pétrolière.
L'avenir de la croissance mondiale
Qu'en sera-t-il des deux importantes réunions qui auront lieu du 5 au 7 décembre 2018 à Vienne en Autriche auxquelles prendra part notamment à la 12ème réunion du Comité de suivi ministériel conjoint Opep et non Opep (JMMC) qui aura lieu le 5 décembre, et à la 175ème Conférence ministérielle des pays membres de l'Opep qui se tiendra le 6 décembre? Le cours prévisionnel du pétrole sera influencé par plusieurs facteurs, à la fois les fondamentaux économiques, mais surtout dans cette conjoncture particulière par les facteurs géostratégiques.
La première raison fondamentale, comme le soulignent les rapports internationaux dont celui de la Banque mondiale l'avenir de la croissance mondiale, notamment de la Chine et de l'inde (un tiers de la population mondiale) avec une prévision de ralentissement pour 2019-2020. Bon nombre d'experts internationaux ainsi que des institutions internationales comme le FMI, la Banque mondiale prévoient une éventuelle crise mondiale horizon 2020/2025 en cas d'accélérations des mesures protectionnistes entre les USA/Europe, USA/Chine. La réunion organisée à l'occasion du sommet du G20, à Buenos Aires, les vendredi 30 novembre et samedi 1er décembre 2018, a permis d'aplanir certaines dissensions entre les USA et la Chine, une trêve dans leur conflit commercial, qui menace l'économie mondiale, les Etats-Unis ayant annoncé qu'ils renonçaient à ce nouveau volet de taxes et de son côté, la Chine s'étant engagée à augmenter ses achats de produits américains, notamment agricoles et énergétiques.
La deuxième raison de cette baisse brusque du cours est que plusieurs pays Opep et non Opep dont la Russie, n'ont pas respecté le quota décidé en décembre 2016 à Vienne Au cours de cette réunion, l'Arabie saoudite après avoir annoncé auparavant, sous pression américaine, une production de plus de 12 millions de barils jour pour combler le déficit iranien a fait savoir qu'elle baisserait de 500 000 barils son niveau de production dès le mois de décembre. Le nombre de barils produits chaque jour passera de 10,7 millions à 9,9 millions en mai prochain.
Un système de troc
Les pays producteurs se disent prêts à des ajustements, mais aucune action concertée n'a pour le moment été arrêtée. Ainsi, les nouvelles sanctions contre l'Iran qui devaient effectivement faire monter les cours mondiaux, et dans les circonstances actuelles, l'excédent de production qui pourrait être compris entre 1 et 2 millions de barils par jour au premier trimestre 2019, pourrait impacter le cours à la baisse.
Les autres raisons sont qu'un prix supérieur à 60 dollars devrait entraîner l'entrée massive du pétrole et du gaz de schiste US dont les gisements marginaux, qui sont les plus nombreux, deviennent rentables. En août 2018, selon l'Agence américaine d'information sur l'énergie (EIA), les USA sont devenus le premier producteur mondial de pétrole, devant la Russie et l'Arabie saoudite, avec 10,9 millions de barils par jour et cette production devrait même dépasser 11,5 millions de barils par jour en 2019. Par ailleurs, ces sanctions contre l'Iran sont atténuées à la fois,par la position européenne qui a décidé de mettre en place un système de troc pour contourner les transactions en dollars et le marché chinois où les Iraniens peuvent se faire payer en yuans et également que huit pays gros importateurs de l'Iran pendant huit mois ne sont pas concernés par les sanctions américaines qui ont pris effet à partir de novembre 2018: il s'agit de la Chine, l'Inde, la Corée du Sud, la Turquie, la Grèce, l'Italie, le Japon et Taiwan sans compter l'écoulement au marché noir en dessous du prix réel du marché. L'autre explication est la situation politique en Arabie saoudite, les Bourses ne voyant pas encore clair l'action du prince héritier, avec la crainte de tensions politiques internes, mais surtout de la vente de 5% d'actions d'une partie de la grande société Aramco, afin de maintenir l'action à un niveau élevé, vente qui a été reportée, la tension au Kurdistan, cette zone produisant environ 500 000 barils/jour, la baisse de la production vénézuélienne, les tensions en Libye et au Nigeria.
Qu'en sera-t-il de l'impact sur l'économie algérienne tributaire à 98% des hydrocarbures pour ses recettes en devises qui, selon le ministre des Finances tendent vertigineusement à la baisse.
Elles ont en effet évolué comme suit: 2012:190,6 milliards de dollars, 2013: 194,0 milliards de dollars, 2014:178,9 milliards de dollars, 2015:144,1 milliards de dollars, 2016: 114,1 milliards de dollars, 2017: 97,3 milliards de dollars. Selon la Banque d'Algérie, bilan du premier semestre 2018, par rapport à fin décembre 2017, les réserves de changes se sont contractées de 8,72 milliards de dollars en passant de 97,33 milliards à fin décembre 2017 à 88,61 milliards à fin juin 2018, ce qui donnerait fin 2018, selon la même tendance un montant d'environ 77/79 milliards de dollars.
Selon le PLF comme incidence, l'encours des réserves de changes sera impacté et se contracterait à 62, milliards de dollars en 2019, 47.8 en 2020 et à 33.8 milliards de dollars en 2021, le FMI prévoyant 12 milliards de dollars courant 2022. Ces réserves dépendant à la fois du niveau de la dépense publique et pour ralentir leur baisse devant lutter contre les surcoûts à travers la mauvaise gestion et les surfacturations, le ciblage de projets à valeur ajoutée et de la pression démographique.
Risques sur la loi de finances 2019?
Mais quel que soit le scénario, ce montant est insuffisant, en référence à la loi de finances 2019 qui prévoit un déficit du Trésor de 18 milliards de dollars soit 2124 milliards de dinars, ce qui laisse prévoir le recours à sa monétisation par le biais de la planche à billets. Il faudrait en 2019 un cours d'environ 95/100 dollars le baril pour ne pas puiser dans les réserves de changes et ne pas utiliser le financement non conventionnel.Et ce sans l'hypothèse de la stabilité cours dinar/dollar, car l'artifice comptable du dérapage du dinar par rapport au dollar réduit artificiellement le déficit du Trésor.
En conclusion, je suis convaincu que pour relever les défis futurs, se projeter sur l'avenir, une nouvelle gouvernance, un langage de vérité et la moralité des gouvernants s'imposent. Avec une plus grande rigueur budgétaire, une meilleure gouvernance, un changement de cap de la politique économique actuelle, avec un baril entre 60/70 dollars, l'Algérie peut s'en sortir, possédant des atouts avec un endettement extérieur faible inférieur à 7 milliards de dollars. L'Algérie possède toutes les potentialités pour réussir supposant une autre démarche où le politique, l'économique, le social, le culturel sont dialectiquement liés. Retarder les réformes structurelles conduira inéluctablement à la régression économique et sociale, la cessation de paiement horizon 2022 avec les risques de tensions sociales et la déstabilisation de la région méditerranéenne et africaine avec des interférences étrangères. Dans ce contexte, la presse nationale et internationale du 1er décembre 2018, a vu dans le récent discours du Premier ministre la volonté du retour à l'autoritarisme, ayant peut-être déformé ses propos, pour décrédibiliser l'Algérie au niveau tant national qu'international.
Difficile conjoncture géostratégique
Car, il faut éviter de vivre encore dans l'utopie des années 1970, oubliant que le monde a changé, en voulant ériger en mode de gouvernance locale et centrale l'autoritarisme, loin de tout dialogue productif, faute de relais crédibles au niveau de la société. Certains esprits mal intentionnés, oubliant le drame des années tragiques 1990/1999, veulent impliquer les forces de sécurité et l'ANP qui les couperait à terme de la population, ces institutions stratégiques rappelées souvent par les plus hautes autorités du pays, Présidence et ministère de la Défense nationale, ayant d'autres missions constitutionnelles, étant au service de l'Etat algérien et du citoyen. L'ordre, par la protection des biens et personnes, n'est aucunement antinomique avec le développement des libertés qui rassemble beaucoup plus qu'il ne divise. Aussi, afin d'éviter l'affrontement direct avec les services de sécurité, la situation présente exige une action vigoureuse de réorganisation tant de l'économie que des partis politiques, du monde associatif, donc la société civile pour le redressement de l'Algérie, en lui proposant un cadre adéquat d'expression collective, afin de faire face à la difficile conjoncture géostratégique et socio-économique qui attend l'Algérie entre 2019/2022/2025, posant l'urgence du renouveau des partis politiques et de la société civile, comme intermédiation sociale... L'Algérie a besoin enfin d'une nouvelle stratégie, s'adaptant au nouveau monde, de la confiance et du dialogue productif, de rassembler au lieu de diviser, pour sécuriser son avenir fin de s'éloigner des aléas de la mentalité rentière


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