En établissant la loi de finances sur la base d'un prix de référence de 50 dollars, le gouvernement a choisi la prudence imposée par les fluctuations que connaissent les marchés. Les prix du pétrole étaient stables hier, le marché attendait la fin des rencontres des pays producteurs de l'Opep et de leurs partenaires pour savoir dans quelle mesure ils vont réduire leur production. En conclave depuis deux jours à Vienne, les ministres de l'Opep et leurs partenaires discutent d'une baisse de production de pétrole dans le but d'enrayer la chute des cours observée depuis deux mois. Cette baisse des prix de plus de 30% est due, faut-il le rappeler, à l'offre qui dépasse la demande. Une évolution qui satisfait les consommateurs, mais non des producteurs eux-mêmes très dépendants des revenus pétroliers. Comme l'Algérie qui est dépendante des hydrocarbures à plus de 97% pour ses exportations. Par conséquent, l'équilibre budgétaire et celui de la balance des paiements sont fortement vulnérables face à la volatilité des prix du pétrole. Et c'est pour tenter de juguler la crise financière qui secoue le pays depuis 2014 que l'Etat a décidé de contrôler ses dépenses et de miser sur les investissements, créateurs de richesses et d'emplois. Pour 2019 et afin de maîtriser les aspects financiers et budgétaires, il a été décidé, à l'exemple des deux années précédentes, d'établir la loi de finances sur la base d'un baril de pétrole à 50 dollars et un taux de change de 118 dinars pour un dollar. Une décision judicieuse, faut-il le souligner, qui a permis de prévoir un léger mieux dans les équilibres budgétaires en raison du fait que le prix du baril a enregistré une hausse durant plusieurs mois (février à octobre). Il a même dépassé les 85 dollars avant d'enregistrer une nouvelle dégringolade oscillant entre les 55 et 60 dollars. En fait, en établissant la loi de finances sur la base du prix du baril le plus bas à savoir 50 dollars, cela permet au gouvernement de prévenir les mauvaises surprises, en ces moments de caisses vides, et d'éviter de fausser leurs calculs, élaborés pour une période de trois ans. C'est d'ailleurs ce qu'avait déclaré le ministre des Finances, Abderrahmane Raouya, en indiquant que c'est «une mesure de prudence» imposée par «les fluctuations que connaissent les prix du pétrole influencés par des facteurs économiques et géopolitiques» ajoutant «il n'est pas possible de les contrôler (les prix du pétrole) ni de les prédire de façon objective au moyen ni même au court terme». Selon lui, des analyses montrent que les prix du pétrole peuvent reculer en 2019, «à cause du déséquilibre entre l'offre et la demande et de la remise en question des accords entre Etats membres de l'Opec et la Russie ainsi que l'entrée progressive sur le marché de la Libye et de l'Irak». Donc, avec le prix de référence de 50 dollars, le gouvernement s'est assuré de l'exactitude de ses prévisions qui tablent, faut-il le rappeler sur un ralentissement des déficits sur la période 2019-2021. Ces déficits se situeraient à 10,4 milliards de dollars l'année prochaine pour baisser à 8,2 milliards puis à 6,4 milliards en 2020 et 2021. L'Algérie devra donc dès 2021 se rapprocher de l'équilibre budgétaire. Une prévision confirmée, faut-il encore le rappeler par le FMI qui a anticipé une baisse du déficit du solde budgétaire global à 0,1% en 2020, après avoir ajusté légèrement à la hausse ses prévisions de croissance pour l'Algérie.