Notre-Dame du Salut de Santa Cruz (Sainte Croix) Le cardinal Angelo Becciu a béni la messe en prononçant la prière du salut et du pardon, mais également de l'amour et de la paix. Au bord de la grande bleue, Oran, la Radieuse a abrité, hier après-midi, la messe de béatification des 19 martyrs de la foi, assassinés par la horde terroriste du GIA, durant la décennie noire. Ils sont, désormais, les bienheureux. La messe a été célébrée, dans un climat émouvant, à la place du «Vivre ensemble», de la basilique de Notre-Dame du Salut de Santa Cruz (sainte Croix). La cérémonie a été rehaussée par la présence du représentant du gouvernement algérien, en l'occurrence le ministre Mohamed Aïssa, des délégations consulaires importantes, des imams, de Paul Defarges, Monseigneur Tessier, l'évêque d'Oran, de l'archevêque Rouan, des familles des défunts religieux et de plusieurs dizaines d'autres personnes venues des quatre points cardinaux du pays. L'évêque d'Oran, Monseigneur Jean-Paul Vesco, a fait la lecture de son prêche en langue arabe, du testament spirituel de Mohamed, chauffeur du moine d'Oran. Le défunt demandait pardon à toute l'humanité, comme il a demandé pardon à tout le monde. L'archevêque d'Oran n'a pas omis au passage de rendre hommage aux intellectuels, journalistes, hommes et femmes avant d'inviter l'assistance à se lever et à observer une minute de silence, en hommage au peuple algérien et à ses dirigeants qui ont trouvé le chemin de la paix, malgré la circonstance douloureuse. Auparavant, il a invité les présents à prier dans un chant liturgique fredonné par une chorale. Monseigneur Defarges est revenu sur le rôle de l'Algérie dans la béatification des religieux chrétiens. Le frère trappiste Thomas Georges Jean fera la lecture de la lettre apostolique, du pape François proclamant le titre de Bienheureux aux 19 serviteurs de Dieu. Le pape François dira que «l'église d'Algérie célèbre dans la joie la béatification de 19 religieux et religieuses martyrs». Il poursuit en confirmant que «je m'associe à votre action de grâce pour que ces vies soient totalement données à Dieu, et à l'amour». «Recevez ici mes encouragements fraternels pour que cette célébration aide à panser les blessures du passé et créer une dynamique nouvelle de la rencontre et du Vivre ensemble», a-t-il enchaîné, précisant: «Je suis très reconnaissant au président de la République et à ses collaborateurs ayant facilité la béatification des religieux en terre algérienne et la béatification de Monseigneur Claverie.» «Nous savons que le président a soutenu et encouragé cette célébration», a-t-il affirmé. Il a rendu hommage aux 114 imams assassinés, car ils n'ont pas soutenu le terrorisme, tout comme il a salué le représentant de la communauté juive, présent à cette communion. Le postulateur a fait une brève lecture de la biographie des 19 défunts. La veille a été marquée par l'observation d'une veillée de chorale de la paroisse, des prières et des chants liturgiques par plusieurs dizaines de personnes présentes constituées essentiellement de chrétiens catholiques venus d'un peu partout du pays, mais aussi de l'Europe, notamment de la France et de la Belgique. La célébration de la cérémonie a été présidée par le cardinal Giovanni Angelo Becciu après la matinée consacrée au chant lyrique et liturgique, le cardinal Angelo Becciu a béni la messe, en prononçant la prière du Salut et du pardon, mais également de l'amour et de la paix. Le coup d'envoi a été donné en observant une minute de silence à la mémoire du peuple algérien et à celle de tous les martyrs, moines, et imams ayant refusé de cautionner la violence terroriste. Dans son mot, Jean-Baptiste Lemoyne, secrétaire d'Etat auprès du ministre de l'Europe et des Affaires étrangères, a pris part à la cérémonie de béatification de 19 religieux de l'église catholique d'Algérie, victimes du terrorisme, parmi lesquels figurent 15 Français. Le secrétaire d'Etat a rendu hommage, au nom de la France, à ses compatriotes qui ont fait honneur, tant à leur pays d'origine, qu'à leur pays d'adoption, par leur courage et leur volonté de demeurer auprès de leurs amis algériens, à un moment difficile de leur histoire. Il s'agit du frère Henri Vergès et de la soeur Paul-Hélène Saint-Raymond, assassinés le 8 mai 1994, de la soeur Odette Prévost, assassinée le 10 novembre 1994, des pères Jean Chevillard, Alain Dieulangard, Christian Chessel, de la congrégation des Pères blancs, assassinés le 27 décembre 1994, de la soeur Denise Leclerc, assassinée le 3 septembre 1995, des sept moines trappistes de Tibhirine (les frères Christian de Chergé, Célestin Ringeard, Christian Lemarchand, Michel Fleury, Christophe Lebreton, Paul Favre-Miville et Paul Dochier), enlevés le 27 mars 1996 et assassinés peu après, de Monseigneur Pierre Claverie, assassiné le 1er août 1996. La France est reconnaissante à l'Algérie d'accueillir cette cérémonie de béatification qui sera l'occasion de célébrer le message de paix, de fraternité et de tolérance que continuent de nous inspirer l'engagement et le sacrifice de ces hommes et de ces femmes. Elle rend hommage à la nation algérienne qui a su s'engager sur le chemin de la paix et de la Réconciliation nationale. C'est la raison pour laquelle le secrétaire d'Etat a participé également hier, à la Grande mosquée Ibn Badis, à l'hommage qui sera rendu aux 114 imams algériens assassinés par les groupes terroristes durant la décennie noire. La communication de la Congrégation pour les causes des Saints, adoptée sous le pontificat de Benoît XVI en 2005, dispose que, désormais, le rite de béatification, à l'inverse du rite de canonisation, se déroule habituellement dans le diocèse en promouvant la cause du nouveau Bienheureux, ou dans un autre lieu jugé approprié».