le p-dg de sonatrach Ould Kaddour veut rivaliser avec de grosses boîtes internationales, dont les employés vivent dans des pays où le salaire moyen égale celui du ministre algérien. Le P-DG de Sonatrach a élevé au rang de priorité pour 2019, la hausse des salaires des travailleurs de la compagnie. Abdelmoumen Ould Kaddour qui en a fait l'annonce, avant-hier, à Timimoun, justifie cette révision par le fait que la compagnie pétrolière nationale est celle qui énumère le moins bien ses employés. En sus de cet argument, le patron de Sonatrach explique sa décision par les pertes en ressources humaines que subit Sonatrach. Ces dernières années, pas moins de 16 000 cadres ont quitté l'entreprise pour aller proposer leurs services à des concurrents qui les rémunèrent près de 10 fois plus. Ce sont là, les deux principaux motifs qui animent le patron de Sonatrach, pour faire-faire un «bond» qualitatif à la compagnie en termes de compétences managériales, notamment. Abdelmoumen Ould Kaddour peut objectivement avoir raison, en défendant l'entreprise qu'il dirige, dans un contexte mondial hyperconcurrentiel où les compétences techniques valent leur pesant d'or. Sauf que le P-DG ne dit pas jusqu'où peut aller sa détermination de maintenir en place le personnel de la compagnie. Sachant qu'il connaît parfaitement la grille de salaires des grosses entreprises pétrolières internationales, il est admis que quoi que fasse Sonatrach, il serait impossible de rivaliser avec Anadarko, Arco ou autre BP. La différence de rémunération est sans commune mesure, surtout dans le domaine de l'énergie où l'écart avec d'autres secteurs d'activité est immense, cela à l'échelle de toute la planète. Cette logique est à peu près la même en Algérie où à compétences égales, l'employé de Sonatrach est rémunéré au double de ce que touche un travailleur algérien d'autres secteurs, exception faite de l'aéronautique. En fait, les rémunérations des employés de Sonatrach devraient être contextualisées, car les avantages qui suivent sont nombreux. Garderies et crèches, complexes sportifs, structures de santé, entre autres, rentrent dans le «pack» de rémunération à la Sonatrach. La contextualisation doit se faire également eu égard au niveau et au coût de la vie en Algérie. Le même personnel de la compagnie bénéficie, au même titre que l'ensemble des travailleurs, des subventions directes et indirectes qu'octroie l'Etat. Lesquelles subventions permettent de ralentir quelque peu la chute du pouvoir d'achat des salariés du secteur public, comme du privé. Ces derniers sont «invités» par les pouvoirs publics à faire montre de patience, arguant que la crise financière que traverse le pays empêche toute revalorisation des salaires. Que penseraient donc ces travailleurs en apprenant que les employés les mieux payés du pays verront leurs salaires augmentés en 2019? C'est dire que la décision de Ould Kaddour est de nature à susciter beaucoup de bruit dans «la classe laborieuse» qui ne manquera certainement pas de faire valoir son mécontentement et montera au créneau pour réclamer des hausses de salaires. Dans l'éducation, la santé, l'administration, la justice, ainsi que dans l'industrie publique, les syndicats ne se feront pas priés pour exiger des hausses conséquentes des rémunérations. En fait, l'approche de Ould Kaddour pèche par manque de discernement entre les travailleurs de Sonatrach qui vivent en Algérie, un pays avec un PIB moyen, une politique salariale quelque peu raisonnable, d'immenses transferts sociaux et un taux de chômage qui frise les 12%, et des employés de grosses boîtes internationales qui vivent dans des pays où le salaire moyen égale celui du ministre algérien. Il n'est pas possible de suivre le rythme des compagnies major sur la question des salaires.Il aurait été peut-être plus indiqué pour Sonatrach de réserver l'enveloppe salariale additionnelle à des recrutements de jeunes, histoire de contribuer à la baisse du chômage. Enfin, creuser un fossé entre la «famille» Sonatrach et le reste de la population risquerait d'exacerber les pratiques de favoritisme. Disons-le clairement: Sonatrach est implantée en Algérie et ses travailleurs sont censés vivre comme les Algériens. Quant aux compétences qui quittent le groupe, il n'y a pas que la rénumération pour motiver un jeune. Un projet audacieux et le patriotisme peuvent constituer des boosters.