L'ouverture des succursales de la BEA ou d'une autre banque nationale à l'étranger n'a aucun avantage En ouvrant ces succursales, le gouvernement ne sera que perdant. Il ne créera que des charges supplémentaires dont il devra s'acquitter. La décision d'ouvrir une succursale de la Banque extérieure d'Algérie (BEA) à partir de l'année prochaine à Paris, avant d'en ouvrir d'autres dans d'autres capitales plus tard, n'emballe pas tous les économistes et les experts financiers. Pour l'expert financier Ferhat Aït Ali, l'ouverture des succursales de la BEA ou d'une autre banque nationale à l'étranger n'a aucun avantage. Bien au contraire, en ouvrant ces succursales, le gouvernement ne sera, selon lui, que perdant. «Il va recruter un nouveau personnel, il va louer ou acheter les sièges abritant ces banques et il va se soumettre à la réglementation du pays étranger en termes de fiscalité», dira-t-il, en réponse à notre question. L'idée de l'ouverture des succursales à l'étranger n'est pas aussi louable, de l'avis de l'expert, car la décision du transfert et de la domiciliation de l'argent revient au final à l'importateur. «C'est celui-là qui choisit la banque où il va transférer son argent», précise-t-il. «De plus, l'ouverture des succursales peut s'avérer aussi une mauvaise chose, en ce sens qu'elle va confronter les exportateurs algériens à la banque algérienne dans le cas où l'importateur qui a décidé de transférer son argent à partir de la succursale cause un retard dans le paiement de sa marchandise. Ce dernier va en fait poursuivre en justice la banque algérienne», fera-t-il remarquer. Pour l'expert, ce n'est pas l'ouverture des succursales à l'étranger qui va booster l'exportation ou faciliter la tâche aux exportateurs. Ce qui le fait ce sont, entres autres, l'encouragement de la production de qualité, la recréation des offices d'exportation et la révision de la réglementation en vigueur. «Aucun produit ne peut être exportable s'il n'est pas de qualité», tranche l'expert. Pour atteindre cet objectif, le gouvernement a intérêt, préconise Aït Ali, à encourager par tous les moyens possibles les producteurs. Concernant la recréation des offices d'exportation, l'expert affirme que ce sont ces derniers qui peuvent prendre en charge les opérations d'exportation. «Les opérations d'exportation sont coûteuses pour les exportateurs privés», fera-t-il observer, rappelant que les offices d'exportation ont montré déjà leurs efficacité en Algérie. «Ce sont ces derniers qui ont pu placer les dattes et les fruits et légumes algériens à l'étranger durant les années 1970», argue-t-il. L'encouragement des exportations doit passer en outre par la révision de la réglementation concernant le système bancaire en vigueur. «La banque ne doit pas être avare en termes d'octroi de devise aux exportateurs à succès dans l'achat des intrants pour leur production.», préconise-t-il, ajoutant que la banque dispose de mécanismes pouvant vérifier l'authenticité des propos des exportateurs. Il faut dire par ailleurs que les exportateurs ayant exhorté le gouvernement à l'ouverture de ces succursales ont avancé certains arguments. «L'ouverture des succursales de la Banque d'Algérie à l'étranger va aider les exportateurs algériens dans la prospection des marchés», a plaidé récemment Abdelwahid Kerrar, président de l'Union nationale des opérateurs pharmaceutiques (Unop). S'agissant du deuxième objectif que le gouvernement veut atteindre à travers l'ouverture de ces succursales, à savoir le transfert de l'argent de la communauté algérienne établie à l'étranger, Ferhat Aït Ali souligne qu'il ne faut pas s'en réjouir. «La communauté algérienne ne va pas se bousculer aux guichets de ces banques, car le coût pratiqué par les banques algériennes est largement inférieur à celui pratiqué au marché informel en Algérie», déplore-t-il.