La Banque extérieure d'Algérie (BEA) ouvrira, dès le début de l'année 2018, une agence à Paris. Ça sera une représentation à 100% BEA. Pour la première fois dans l'histoire de l'Algérie indépendante, une banque algérienne s'installe à l'étranger. Le mérite revient ainsi à la BEA qui, faut-il le souligner, répond à toutes les conditions requises pour une implantation outre-mer. Un dossier de demande a été déposé le mois de février 2015 auprès de la commission bancaire française. L'accord de l'institution française chargée du contrôle sera en principe notifié à la BEA incessamment. Une chose est certaine, les responsables chargés de ce projet ont entrepris toutes les démarches nécessaires et accompli l'ensemble des procédures exigées pour convaincre l'organisme de contrôle français. Le dossier est bien ficelé et l'aval de cette autorité bancaire française ne saurait tarder, indique une source sûre. La BEA est la mieux indiquée pour une installation à l'étranger. Car elle dispose d'un capital expérience indéniable dans plusieurs pays étrangers. Cette banque a d'ores et déjà ouvert 5 filiales à Paris, Londres, Luxembourg, Abu Dhabi... Celles-ci deviendront elles-mêmes, avoue la même source, des banques BEA à part entière dans ces pays. Il est projeté également une autre agence dans un pays africain, soit en Afrique du Sud, au Nigéria ou au Sénégal. Il faut reconnaître qu'en matière de commerce extérieur, la BEA se classe parmi les premières banques du continent avec un réseau composé de 1 500 correspondants internationaux. Elle est aussi dotée d'une expertise reconnue par ses partenaires économiques dans des opérations de commerce extérieur. À ce propos, la BEA a maintenu son statut de leader en Algérie avec une part de marché estimée à 17%, des opérations d'importation et la quasi-totalité des exportations réalisées par notre pays. Voilà donc une bonne nouvelle, surtout pour les exportateurs qui bénéficieront désormais des prestations et du professionnalisme du personnel de la BEA déjà en poste depuis des années. L'idée qui a été maintes fois proposée par les économistes et des députés pour capter l'argent dormant des nationaux établis à l'étranger a fini, faut-il le souligner, par trouver un écho favorable auprès de l'argentier du pays. Le projet de création d'une banque à l'international a été annoncé, jeudi dernier, par le ministre des Finances, Abderrahmane Raouya. Il a évoqué, en effet, l'intention du gouvernement de créer une banque à l'étranger pour la collecte de l'épargne en devises de la communauté nationale. Faute de motivation, l'Algérie n'a capté que 2 milliards de dollars des transferts d'argent des Algériens établis à l'étranger, selon les statistiques du Fonds international de développement agricole (Fida) de 2016. Le rapport émanant de cette étude classe le pays bien derrière l'Egypte qui a engrangé 16,6 milliards de dollars et le Maroc avec 7 milliards. Le projet d'une banque algérienne à l'étranger a été annoncé en mai 2016 par l'ancien P-DG, Mohamed Loukal. "La loi algérienne permet de créer une banque à l'international. On passera certainement par le Conseil de la monnaie et du crédit, entre autres", avait-il déclaré. Depuis la crise financière de 2016, ce projet a été relancé par les autorités dans le but de recueillir l'importante masse monétaire en devises des Algériens de l'étranger. Une manne qui peut aider à combler le déficit budgétaire de l'Etat algérien. En tout cas, les discussions entre les deux banques centrales algérienne et française sont très avancées. Une fois le feu vert donné, la BEA France sera opérationnelle début 2018. Les ressources d'une banque (financières, humaines), son savoir-faire et ses connaissances jouent un rôle crucial dans la manière dont elle conduit ses activités internationales. Dans la mesure où l'internationalisation requiert la mobilisation de ressources, l'étude du choix de la filiale et de la succursale doit tenir compte de la capacité financière, mais aussi de l'expérience de la banque-mère qui symbolise son aptitude à transférer des cadres compétents à la tête des implantations à l'étranger. B. K.