L'UE exprime ses préoccupations face à ces agissements. Mais est-ce que les «préoccupations» mettent fin aux mauvais traitements du peuple sahraoui et à l'impunité du Royaume chérifien? L'un des principaux objectifs de la politique européenne en matière de droits de l'homme est celui de «la prévention et de l'élimination de toute forme de torture et de mauvais traitements dans le monde», comme l'a déclaré la vice-présidente de la Commission européenne, Federica Mogherini. Mais cela ne semble être qu'un slogan puisque face aux agissements du Maroc, l'UE se suffit d'afficher juste des «préoccupations». Interrogée au sein du Parlement européen (PE) au sujet de la situation de quatre prisonniers sahraouis du groupe Gdeim Izik, condamnés en 2013 à une peine capitale de 20 ans et soumis à des périodes continuelles d'isolement et au mauvais traitement, Mme Mogherini a encore une fois indiqué que «l'UE suit de près la situation des prisonniers politiques sahraouis» et que l'Union «a exprimé régulièrement ses préoccupations concernant les cas présumés de mauvais traitements et d'impunité» que subissent ces détenus. Les quatre détenus sahraouis, Sidi Abdallah Abbahah, Mohamed Bourial, Mohamed Lamin Haddi et El Bachir Khadda se trouvent maintenant à Tiflet où ils subissent des tortures et des mauvais traitements. Ils ont été soumis à des périodes d'isolement continuelles et privés de leurs droits. Ils sont constamment insultés et menacés», ont alerté des eurodéputés qui se sont, à la même occasion, interrogés sur la «raison» qui a permis au Maroc de rester à l'abri d'une condamnation par l'UE, alors qu'il continue à faire subir aux prisonniers sahraouis des pratiques de mauvais traitement transgressant les droits de l'homme les plus fondamentaux. «Le Comité des Nations unies contre la torture a eu à dénoncer ces cas de torture et de violations du droit international», ont-ils rappelé. Dans sa réponse écrite, Mme Mogherini a assuré que le suivi de la situation des détenus sahraouis dans les prisons marocaines inclut «la présence de la délégation de l'UE à Rabat en tant qu'observateur lors des procédures civiles», ajoutant que des représentants de la délégation de l'UE se réunissent régulièrement avec le Conseil national des droits de l'homme pour améliorer les conditions de santé et de détention des prisonniers du groupe Gdeim Izik. Affirmant que des réunions ont également eu lieu avec des organisations de la société civile, notamment avec l'Association sahraouie pour dénoncer les violations graves des droits de l'homme, Mme Mogherini a souligné que «la démocratie et le respect des droits de l'homme sont des composantes essentielles de la politique étrangère de l'UE et de son dialogue avec les pays partenaires, notamment le Maroc». Mais est-ce que ces rappels mettent fin aux mauvais traitements du peuple sahraoui et à l'impunité du Royaume chérifien?