A découvrir, l'exposition est ouverte au public jusqu'au 30 novembre... Le Centre culturel français d'Alger accueille à partir de jeudi prochain une belle exposition photographique itinérante. Il s'agit de Bamako V, suites, initiée dans le cadre des 5es rencontres de la photographie africaine de Bamako. «L'Afrique du Nord et le Moyen-Orient accordent une place particulière à l'image. Dans ces régions où la figuration a longtemps été interdite aux artistes, la photographie occupe une place particulière. L'exposition proposée entend répondre aux spécificités de la région tout en lui donnant à voir d'autres formes», souligne le commissaire de l'exposition, Simon Njami. 39 photographies, et non des moindres, orneront en effet les cimaises de la galerie du centre entre autres celles de quatre photographes ayant immortalisé chacun les signes ou particularités sociales, culturelles ou religieuses de leur pays. «Deux photographes d'Afrique du Nord, l'un Thami Benkirane, évoquant l'un des rites de l'Aïd El Kebir, l'autre, Mohamed Dib, une Algérie nostalgique, montrent que désormais, ces régions font partie intégrante des rencontres africaines. Avec André Albany, c'est le rythme suranné d'une Réunion aux parfums coloniaux. Enfin, Zwelethu Mthethwa révèle un christianisme aux accents syncrétiques», affirme toujours le commissaire de l'exposition. Zwelethu Mthethwa est diplômé de l'Institut des beaux-arts Michaelis, de l'université du Cap, où il a suivi une formation de photographe. Il s'installe ensuite aux Etats-Unis où il entreprend un doctorat au Rochester Institute of Technology à New York. De retour en Afrique du Sud, il crée des portraits d'individus dans leur espace intime, dans les bidonvilles aux alentours du Cap. Dans la série Sacred Homes 1999, le souvenir de poussières et de cire émane des tons adoucis d'images qui figent ces moments d'extase rapprochant l'être humain du spirituel, ces cérémonies qui mêlent la subjectivité à la croyance collective, le personnel au social. Thami Benkirane pour sa part, est né en 1954 à Fès où il vit et enseigne à la Faculté de lettres. Le rite sacré que décrit sa série Revenons à nos moutons est inspiré de ce rituel observé chaque année par le photographe dans son immeuble. Mohamed Dib, photographe ? Qui l'eut cru ! Et bien oui. Né à Tlemcen en 1920, Mohamed est plus connu pour sa trilogie littéraire : d'abord L'Incendie (1954), La Grande maison d'abord ensuite Le Métier à tisser (1957). Ses photographies prises à Tlemcen en 1946 forment à part entière un maillon de cette oeuvre empreinte de nostalgie et d'espoir. Il a fallu ainsi une expo posthume pour que le public algérien fasse connaissance enfin avec le Mohamed Dib photographe. Mais cette passion des pellicules et de l'image reste une affaire de famille pour André Albany. Né en 1903 à Saint-André (Ile de la Réunion), ce dernier s'initia à la photographie aux côtés de son père. Lors d'une exposition, ses oeuvres sont remarquées par certaines autorités locales et une bourse lui est accordée afin d'étudier la photographie à Paris. Il est le premier élève inscrit à l'Ecole nationale de photographie (Vaugirard Louis Lumière), créée en 1926. Après cet apprentissage parisien, il revient à la Réunion et installe son premier studio à Saint-André. Des années 1930 à 1980, André Albany réalise quelque 10.000 photographies ainsi que des films documentaires ayant pour thème principal l'île de la Réunion. A la fois reporter et «illustrateur», comme il lui plaît de se définir, il est un remarquable témoin d'une histoire réunionnaise en mouvement.