La Maison Européenne de la Photographie (MEP) à Paris accueille, jusqu'au 14 septembre prochain “ L'Envers de soi ”, la première rétrospective de Sophie Elbaz. “ L'envers de soi” présente quelques-unes des séries les plus significatives du parcours photographique de Sophie Elbaz..Photoreporter de 1986 à 1995 auprès des agences Reuter et Sygma, elle a couvert de grands événements qui ont forgé sa vision et dont témoigne “ Contre toute attente ”, essai photographique réalisé auprès des réfugiés bosniaques. En 1995, elle quitte la presse et découvre Cuba. Son travail sur le Garcia Lorca, l'Opéra de la Havane, rend hommage à la résistance de ce monde replié sur lui-même. Plus récemment, elle réalise une trilogie, Aleyo, sur le Sacré, le Corps et le Politique. Cuba devient peu à peu l'atelier imaginaire de Sophie Elbaz. Elle y trouve matière et occasion d'une “ écriture de soi ”, dévoilant non seulement l'endroit, mais aussi l'envers des choses. Dans le cadre de cette exposition, elle présente également son premier film, qui retrace sa quête de ses origines paternelles séfarades.Se consacrant aujourd'hui entièrement à sa démarche personnelle avec en particulier ce fameux projet à tiroirs sur Cuba dont elle présente la série “ Aleyo ”, jusqu'au 19 juillet, à la Galerie Seine 51. Un ouvrage publié aux éditions Images en Manœuvre accompagne l'exposition. “ Si le monde fut le terrain de mes humanités, j'ai dû explorer mon intériorité pour comprendre que je n'avais fait qu'y projeter ma propre blessure ”, note Sophie Elbaz. “ Ma rencontre avec l'âme cubaine poursuit-elle m'a permis d'effectuer ce nécessaire voyage intérieur vers mon africanité et ma psyché. Elle m'a ainsi autorisée un nouveau langage de lumière dans un imaginaire qui m'est propre. ” Née en 1960 à Paris, un premier mai Sophie Elbaz part dés 20 ans en Amérique centrale après deux ans d'études en droit qu'elle a du quitter. Dans cette contrée elle fait ses premières photographies durant une année entre le Guatemala et le Mexique. Puis, elle décide de partir aux USA où elle est assistante d'Ernestine Ruben puis de Patrick Demarchellier. En 1984, elle est admise à l'International Center of Photography (I.C.P) à New York, dans le cadre du programme intensif de photo- journalisme dirigé par F. Ritchin, photo-editeur du New York Times. Elle travaillera aussi avec S.Meseilas, E.Richrads, A.webb, M.H ark, B.Davidson, Gilles Peress et Robert Pledge... ... Sa quête photographique atypique dévoile la force de son engagement humaniste en tant que citoyenne du monde mais aussi celle d'une nature passionnée toujours en recherche ...2008 a ainsi débuté pour la photographe par un séjour à Constantine où elle a montré son travail et rassemblé un matériel visuel sur le thème de la mémoire. Cela a abouti à un film de 12 minutes -visible à la MEP- sur les traces de son grand-père paternel sépharade, Jonathan Elbaz. De parents algériens Sophie Elbaz est né en France. En 1986, elle obtient son premier poste de correspondante à l'étranger avec l'agence Reuters qui l'envoie en Afrique de l'Ouest. Elle rejoint ensuite l'agence Sygma en 1989 où ses reportages sur “ le couloir de la mort, l'inceste aux Etats-Unis, la Bosnie et les viols massifs, la révolution roumaine, la libération de Nelson Mandela, [et] les camps de réfugiés Rwandais ” aiguiseront son regard et sa quête. Durant le conflit en ex-Yougoslavie, elle réalise, sur trois ans auprès des réfugiés bosniaques, un essai de soixante images en noir et blanc. “ Contre toute attente ” introduit le parcours de l'exposition à la MEP. En 1993, une enquête et document sur les viols collectifs de l'épuration ethnique en Bosnie s'est vu récompenser du prix du Meilleur Reportage politique au Festival d'Angers. En 1995, elle découvre Cuba où elle travaille longuement sur l'univers de l'Opéra de la Havane (1995-99) et rend hommage à la résistance de ses acteurs et artistes. L'année suivante, elle s'attelle à “ Mémoire d'Elles ”, une série de 35 portraits en noir et blanc de femmes françaises avec des entretiens sur la transmission entre générations. Depuis 2000, Sophie Elbaz a mis au point un procédé naturel de contamination de la diapositive qu'elle appelle “ organique ”. A travers la prolifération de champignons qui s'en prennent à la chimie de l'image photographique, elle sonde l'invisible dans le vif d' “ une contamination originaire, intime et violente offusquant à la fois l'image, le regard et la conscience ”, comme l'écrit Bernard Cier. En 2003, sa première série “ Origines ” réalisée au Mali est exposée lors de la Biennale de Bamako. Sa 2ème série “ Où en es-tu ? ” voit le jour en 2005. Les deux séries ont été exposées en mars 2008 au Centre culturel français d'Alger. En 2007, sur le thème de l'environnement, elle produit “ J'accuse ” pour la Biennale de Sharjah aux Emirats. La même année, elle achève “ Aleyo ”, sa trilogie sur le sacré, le corps et le politique à Cuba, montrée actuellement à Paris et qui vient de faire l'objet d'un livre.