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YENNAYER DECRETE «HARAM» ET SUCCESSION D'INSULTES CONTRE TAMAZIGHT
Publié dans L'Expression le 09 - 01 - 2019

Il est clair que les voix discordantes de Hadjar, Salhi et l'association des Ouléma pêchent dans des eaux troubles, après qu'ils eurent perdu leur «sale guerre». Ils agissent telle une bête blessée.
L'Algérie s'apprête à fêter le Nouvel An amazigh, une fête estampillée du sceau de Yennayer. Cette fête ancestrale qui a été durant des siècles célébrée et ancrée dans le subconscient collectif de l'Afrique du Nord en général et de l'Algérie en particulier, semble déranger les tenants de la pensée réactionnaire et mortifère des islamistes de tous bords.
Yennayer, puisque c'est de ce référentiel identitaire et historique qu'il s'agit, n'échappe pas aux tirs groupés des ankylosés vêtus de l'habit de la religion musulmane en la pourfendant davantage à travers des vétillés colportées à l'importe-pièce dans le but d'imposer leurs schèmes et leurs prismes, somme toute anachroniques et en déphasage avec le processus historique dans sa diversité et ses contradictions.
L'association des Ouléma musulmans algériens rejoint la cohorte des salafistes en décrétant la fête de Yennayer «haram». C'est la sentence annoncée par le président de la commission des fatwas, Al-Abidine Ben Hanafia en l'occurrence. A suivre cet «oracle» dépourvu de la force divine, ce qui en résulte ressemble à une vindicte contre tous ceux et toutes celles qui fêtent et célèbrent cette tradition ancestrale de nos aïeuls. La fatwa prononcée par ce quidam précise encore que «les Algériens doivent utiliser le calendrier lunaire au lieu de suivre les infidèles dans leur utilisation du calendrier solaire», a affirmé le responsable de la commission de la fatwa au sein de l'association des Ouléma musulmans algériens présidée par Abderrazak Guessoum.
Cette posture est non seulement erronée, mais elle est surtout contraire aux valeurs universelles de la différence, la pluralité civilisationnelle et historique. Pour ainsi dire, l'association des Ouléma fait dans le déni historique et identitaire d'un peuple, mais le plus grave, c'est que toute cette «démonstration» qui ressemble à des élucubrations est régentée par la seule lecture religieuse.
On aurait compris cette attitude raciste voire fasciste si elle avait été portée par les salafistes et les variantes multiples de la mouvance islamiste qui font dans le négationnisme et le déni identitaire et civilisationnel ancestral de l'Algérie via sa composante amazighe, mais quand ce sont des structures agréées et légalisées par l'Etat qui s'adonnent à ce genre d'attaques frontales contre la Constitution du pays, cela pose un sérieux problème de nuance et de démarcation quant à ces comportements racistes, monolithiques et fascistes même.
Il y a comme une espèce de campagne sciemment orchestrée par les «rentiers» et parasites de la scène politique et sociétale qui sont dépouillés d'outils politiques pour se faire recycler en recourant à l'opprobre et l'insulte primaire contre la composante amazighe dont la Loi fondamentale a bel et bien scellée son sort en tant que langue nationale et Yennayer comme fête nationale chômée et payée.
C'est une consécration instituée et constitutionnalisée. Alors qu'on entend des vocifératrices émanant de ceux qui sont censés respecter les lois de la République comme c'est le cas pour Abdelkader Hadjar, ambassadeur d'Algérie en Tunisie de surcroît, qui s'attaque d'une manière abjecte et saugrenue à la composante amazighe en faisant fi de la Loi fondamentale en la réduisant à une espèce de texte de pacotille.
Il semblerait que Hadjar a du mal à se redéployer sur le plan politique, lui qui faisait de l'arabisation effrénée et sans démarche rationnelle et efficace, n'a pas omis de s'attaquer à la variante identitaire amazighe et les «manipulations exercées par la France pour bloquer le processus de l'arabisation engagé en Algérie», une manière de répliquer contre la reconnaissance de tamazight comme composante et langue nationale et officielle. L'attitude de l'ambassadeur devrait appeler à une réaction du ministère des Affaires étrangères quant à ses devoirs de représentant diplomatique de l'Algérie et qu'à ce titre il est astreint à respecter scrupuleusement la Loi fondamentale de la République.
Hadjar se joint à la néophyte et hurluberlue Naïma Salhi, une députée par inadvertance, qui s'est donné une «mission» de dénigrer et proférer des insultes exécrables à l'encontre de la variante amazigh. Ces propos haineux contre Massinissa et à travers lui à l'histoire plusieurs fois millénaire de l'Algérie, impose une ferme attitude de l'APN, jusqu'à lui retirer son immunité parlementaire. Cette dame foule aux pieds une dimension essentielle de l'identité de la nation et suscite, par ses propos, des haines dont le pays doit s'en passer. Naïma Salhi est une criminelle politique et doit payer pour ses écarts de langage dangereux et injustifiés. Il est clair que ces voix discordantes et défaitistes pêchent dans des eaux troubles après leur avoir enlevé leur cheval de bataille dans leur promotion politique. Il est impératif que l'Etat use de ses instruments légaux pour mettre un terme à ces agissements qui portent atteinte à la Constitution et au socle constitutionnel de la République. Du salafisme au racisme, la déferlante rétrograde de la pensée conservatrice, Yennayer et l'amazighité de ce peuple foncièrement attaché à ses valeurs ancestrales, ne cessent d'être la cible des attaques des tenants de l'archaïsme et de la régression ambiante.


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