Moutons, «kesra»de semoule, habits traditionnels et musiques du désert, ornent cette fête millénaire. Lalla Zaïnouba est une mama chez les Touarègues. C'est elle qui fabrique les imzad (violon traditionnel joué par les femmes touarègues). En ce mercredi 9 janvier, elle a mis de côté ses instruments pour préparer l'événement, qu'elle considère comme le plus important de l'année, à savoir le «Tafski». C'est comme cela qu'on appelle Yennayer, au fin fond du Ténéré (Sahara). «Il faut fêter le Nouvel An berbère afin que Le Bon Dieu nous envoie sa baraka», a-t-elle lancé avec beaucoup d'enthousiasme. Les préparatifs vont bon train! Il y a une semaine, elle est partie avec ses petits-enfants choisir un mouton qui sera sacrifié à cette occasion. «Il doit être très beau, aussi beau que cette fête», a-t-elle rétorqué. Elle l'a confié à ses petits-enfants qui doivent s'occuper de lui avec le plus grand soin. Sinon, les foudres de la mama, habituellement calme et sereine, se feront ressentir. Entre-temps, elles et les femmes de la maison préparent minutieusement les habits traditionnels qui vont être portés le jour J. «C'est un jour de fête, on choisit notre plus belle tenue, nos plus beaux bijoux. Hommes et femmes doivent se faire beaux pour la circonstance», a-t-elle indiqué avec beaucoup de fierté. En discutant avec nous dans sa demeure, une tente, des plus conviviales, elle inspecte en même temps les légumes et les épices qui serviront pour préparer le festin. Aucun détail ne doit être laissé au hasard. Celle qui nous a généreusement invités à partager avec elle le repas familial a bien voulu nous donner le menu. Il y aura bien évidemment le «tagala» (galette traditionnelle cuite à l'étouffée sous le sable). Le mouton qui sera sacrifié sera accompagné de couscous et «mardoud» (pâtes traditionnelles). Le tout sera posé dans une marmite en terre. La viande y sera mélangée à des légumes: carottes, oignon, etc.» Chacun selon ses goûts», précise-t-elle. Il y aura aussi des épices de la région; dont Lalla refuse de dévoiler le nom. C'est son secret de fabrication. Au préalable, un feu de camp sera allumé. Il servira d'abord à faire cuire le repas du Nouvel An amazigh. Il va également chauffer les esprits et mettre l'ambiance de la fête. Des bougies seront allumées pour la circonstance. «Elles apportent la baraka», a-t-elle fait savoir avec son sourire légendaire. Le repas fini, ce sera le moment de faire la fête, qui sera accompagnée bien évidemment par le tant réputé thé du Sud. Tindi, imzad et autres sonorités du Sud seront de mise. Comme le veut la tradition, dès que l'instrument parle, on arrête tout. «Il est impoli de boire du thé ou de continuer à manger ou faire toute activité quand la musique commence», nous met-elle en garde. Dans ce sens, tous les présents devront se lever pour danser autour du feu. On fera la fête jusqu'au bout de la nuit pour se dire: «Agali newtay»...