La souveraineté de la Syrie est incontournable Le dernier sommet entre Vladimir Poutine, Recep Tayyip Erdogan et le président iranien Hassan Rohani avait eu lieu à Téhéran début septembre, avec le sort de la province d'Idlib. Les présidents russe Vladimir Poutine et turc Recep Tayyip Erdogan ont discuté de la Syrie à Moscou hier, le second cherchant à convaincre du bien-fondé de sa proposition d'une «zone de sécurité» dans le nord syrien, pour y empêcher toute autonomie kurde. La Russie soutient militairement le régime de Damas et la Turquie aide des groupes rebelles contre le gouvernement syrien mais les deux pays disent chercher ensemble une solution politique à un conflit qui dure depuis près de huit ans. Ils ont convenu de coordonner leurs opérations sur le terrain après l'annonce surprise par le président américain Donald Trump, en décembre, du retrait de ses 2000 soldats engagés en Syrie. Dans un discours lundi, M.Erdogan a indiqué qu'il plaiderait auprès de M.Poutine la création de la «zone de sécurité» contrôlée par la Turquie dans le nord. M.Trump s'est prononcé pour cette idée mi-janvier. Les Kurdes, qui contrôlent la majeure partie de cette région, et qui sont alliés aux Américains, sont extrêmement hostiles à la proposition, craignant une offensive turque. Pour sa part, la Russie défend depuis le début du conflit une ligne simple, selon laquelle le régime syrien doit retrouver sa souveraineté sur l'ensemble de son territoire. «Nous sommes convaincus que la seule solution correcte et optimale serait de remettre ces territoires sous le contrôle du gouvernement syrien (...), tout en se rendant compte que les Kurdes doivent se voir assurer toutes les conditions nécessaires (pour la vie) dans leurs lieux d'habitation traditionnels», a déclaré la semaine dernière le chef de la diplomatie russe, Sergueï Lavrov. Le retrait américain annoncé a conforté en ce sens les plans du Kremlin et de Damas. Au point que les forces kurdes les plus exposées par le départ des Etats-Unis ont demandé au régime syrien de les aider face à la perspective d'une attaque turque. La Russie s'est déjà félicitée de l'entrée fin décembre des forces gouvernementales dans la région de Manbij, pour la première fois depuis six ans, après qu'une milice kurde les y eut invitées. Moscou prépare un sommet tripartite Russie-Turquie-Iran dans les mois à venir, pour poursuivre le processus de paix d'Astana, lancé par ces trois pays en 2017. «Pour l'instant, aucune date n'a été fixée, mais après négociation avec M. Erdogan nous commencerons les préparatifs», indiquait mi-janvier à la presse le conseiller du Kremlin, Iouri Ouchakov. Le dernier sommet entre Vladimir Poutine, Recep Tayyip Erdogan et le président iranien Hassan Rohani avait eu lieu à Téhéran début septembre, avec le sort de la province syrienne d'Idlib (Nord-Ouest) comme principale préoccupation. Il avait débouché sur un échec. La Russie et la Turquie avaient connu de graves tensions en 2015, quand l'armée turque avait abattu au-dessus de la Syrie un avion militaire russe. L'année suivante, les deux présidents avaient scellé une réconciliation spectaculaire, en trouvant des points d'entente sur la Syrie. Les deux pays coopèrent désormais étroitement sur le dossier syrien, mais aussi dans le domaine de l'énergie, avec la construction par la Russie de la première centrale nucléaire en Turquie, ainsi que dans le secteur de l'armement.