La campagne électorale pour les partielles s'est achevée sur fond de polémique et de suspicion. Le Front des forces socialistes (FFS), l'un des principaux partis d'opposition et candidat aux élections partielles de jeudi 24 novembre, accuse l'administration centrale de préparer une fraude massive et a estimé que l'administration, le gouvernement, les partis de l'Alliance présidentielle et le chef de l'Etat porteront l'entière responsabilité quant à d'éventuels dérapages en Kabylie. «Le chef de l'Etat et les autorités prendront l'entière responsabilité de ce qui va découler de ces dérapages», a-t-il averti lors d'un point de presse qu'il a organisé, dimanche en fin d'après-midi au siège de son parti à Alger. Le FFS rejoint, ainsi, l'autre parti implanté en Kabylie, le RCD, qui a auparavant dénoncé l'orchestration d'une fraude massive qui se prépare pour ce scrutin. Un avis partagé par Moussa Touati, président du Front national algérien (FNA) qui a axé son intervention, à Rafour dans la wilaya de Bouira, sur la «nécessaire garantie de la propreté et de l'honnêteté de ces élections», appelant les électeurs à choisir «des hommes qui serviront l'Algérie». Des soupçons que rejette d'un revers de main Ahmed Ouyahia, chef du gouvernement et néanmoins président du RND, membre de l'Alliance présidentielle. Pour Ahmed Ouyahia, ces déclarations ne surprennent personne tant l'opinion publique est habituée à ce genre de sortie médiatique devenue monnaie courante à la veille de chaque rendez-vous électoral. «L'administration veillera, au contraire, à la transparence de ces élections comme elle l'a fait auparavant pour les autres élections», a-t-il soutenu tout en assurant ces partis suspicieux que «ni le gouvernement ni l'administration n'ont l'intention de confisquer la volonté populaire. Nous sommes dans un pays démocratique, et personnellement ça me fait sourire d'entendre les formations politiques parler de fraude à la veille de chaque rendez-vous électoral». Dans sa plaidoirie, Ahmed Ouyahia rappelle les amendements apportés par l'APN à la loi électorale portant régime électoral, survenue fin 2003. «Par leurs observateurs et leurs surveillants ainsi que par le procès-verbal remis dans chaque bureau de vote immédiatement après la séance de dépouillement», les partis concernés par les élections partielles «n´ont aucun espace de doute» quant à la légalité des résultats du scrutin, a indiqué M.Ouyahia, dans une déclaration à la presse en marge de la cérémonie d´ouverture de l´année judiciaire 2005/2006. Ce système de contrôle ne laisse pas d'espace au doute. Autrement dit, pour le chef du gouvernement, ces craintes soulevées par les partis sont injustifiées. Ces mêmes attaques sont réfutées par les premiers responsables des wilayas concernées. «Je m´engage solennellement à assurer la transparence et la neutralité totale de l´administration», a affirmé Rachid Fatmi, wali de la wilaya de Béjaïa sur les ondes de la Radio locale. Le wali de Boumerdès, M. Ali Bedrici, qui a rencontré mercredi en fin de matinée, les têtes de listes des candidats et représentants des partis en lice pour les prochaines élections partielles au niveau de la wilaya, a souligné dans ce contexte que «l´Etat garantit le bon déroulement des élections partielles». Le directeur de la réglementation et des affaires générales (Drag) a, par ailleurs, présenté toutes les mesures prises par l'administration de la wilaya pour assurer un bon déroulement du scrutin du 24 novembre dans les deux communes concernées de Naciria et Chaâbet El Ameur. Toutes ces attaques croisées s'expliquent par la bataille pour le pouvoir local devenu, par la force des choses l'enjeu de ce scrutin, même si pour le pouvoir central, l'enjeu principal demeure la réhabilitation de l'action politique dans la région. Car, dans une démocratie pyramidale, qui s'octroie le pouvoir local peut prétendre au pouvoir central d'autant que le fonctionnement d'un Etat est ressenti d'abord au niveau des communes. La preuve est la présence en force des partis politiques à ces élections partielles. La présence des grosses cylindrées telles que le FLN, le RCD, le FFS et El Islah, auxquelles viennent s'ajouter les indépendants, illustre tout l'intérêt accordé à ce rendez-vous électoral. A ce sujet, Saïd Sadi a relevé à partir de Béjaïa, «l'importance stratégique» de la commune en tant que premier espace d'exercice et d'expression de la démocratie de proximité et lieu privilégié de prise en charge des doléances citoyennes. L'inscrivant dans une grille à valeur nationale, il a estimé que cette élection locale est une «première marche pour concrétiser le projet national de construction de la démocratie». Campagne oblige, chacune des parties en lice revendique une meilleure connaissance des besoins de la population. En faisant d'une vaste participation populaire l'enjeu des partielles, les partis politiques engagés semblent avoir, d'eux-mêmes, placé la barre très haut, soucieux qu'ils sont de montrer que l'élu tire sa légitimité du peuple. Aussi, en faisant de la participation électorale un enjeu politique, les partis jouent en contrepartie gros, avec le risque de se voir désavoués en ces temps d'incertitude où le chômage des jeunes et le développement économique de la région sont devenus une préoccupation constante de la population frustrée dans ses besoins et attentes. Ce même citoyen qu'on se rappelle le temps d'un scrutin, reste frustré par des expériences antérieures négatives de par les promesses non tenues. Le citoyen, loin d'être dupe, surveille le déroulement de la campagne avec un oeil avisé, une campagne où il ne veut pas être le dindon de la farce.