L'armée tchadienne a annoncé hier avoir capturé plus de 250 «terroristes dont quatre principaux chefs», après qu'une colonne de rebelles est entrée au Tchad depuis la Libye fin janvier, selon un communiqué de l'état-major des armées transmis aux médias. «Plus d'une quarantaine de véhicules» ont été détruits, «plusieurs centaines» d'armes saisies, a indiqué l'armée, soulignant que «le ratissage continue» dans la région de l'Ennedi, dans le Nord-Est tchadien frontalier de la Libye et du Soudan.»Plusieurs documents compromettants» ont été saisis, ajoute le communiqué sans donner plus de détails. Jeudi, le président tchadien Idriss Déby Itno avait affirmé en Conseil des ministres que la «colonne de mercenaires» avait été «complètement détruite» par l'armée tchadienne secondée par l'aviation française basée à Ndjamena, dans le cadre de l'opération Barkhane. Après une incursion en «profondeur» au Tchad fin janvier de rebelles venus de Libye, N'Djamena a demandé à la France son soutien militaire. Lundi puis mercredi, Paris a annoncé avoir procédé à des frappes de Mirage 2000 contre une colonne de pick-up. L'Union des forces de la résistance (UFR, groupe armé à l'origine d'une tentative de putsch en 2008, stoppée in extremis aux portes du palais présidentiel de N'Djamena grâce à l'appui de l'allié français, a affirmé être entrée au Tchad avec trois colonnes distinctes de pick-up armés. Vendredi, le groupe reconnaissait des «dégâts» après les frappes françaises successives, selon Mahamat Doki Warou, cadre de l'UFR. «Nous sommes dans les montagnes de Hadjer Marfaïn», dans la même région, a déclaré une source interne au groupe, affirmant que dix combattants de l'UFR ont été tués dans les frappes. Des éléments de l'armée tchadienne basés à Ounianga et Fada, leurs deux bases dans cette partie de la région de l'Ennedi, ont été déployés dans la zone de Bao où les frappes françaises ont eu lieu, selon un officier supérieur tchadien. «La chaîne de commandement militaire» de l'UFR est «décapitée», a estimé un officier de l'armée tchadienne ayant requis l'anonymat. La région de l'Ennedi, désertique, montagneuse et peu habitée, abrite le fief du président Déby, Amdjarass. Le ministre de la Défense, Daoud Yaya, s'y est rendu jeudi. Dans cette zone, le réseau téléphonique est faible et peu d'informations filtrent. L'accès à l'information de source indépendante y est compliqué. Depuis son arrivée au pouvoir en 1990 avec l'aide de Paris, Idriss Déby Itno, qui avait renversé Hissène Habré, a toujours pu compter sur son allié français, qui a installé à N'Djamena le QG de sa force antiterroriste Barkhane mobilisée dans la région sahélienne. Mais le dirigeant tchadien vient de nouer des relations suspectes avec Israël et Benjamin Netanyahu, après un échange de visites officielles, dont les ambitions sont à la fois sécuritaires et économiques, l'Etat hébreu cherchant, entre autres gains, à bénéficier de l'exploitation et du transport de ressources pétrolières susceptibles d'être mises à jour dans le désert du Tibesti frontalier de la Libye...