Le FFS est sorti premier dans la majorité des APC et des trois APW. Le Front des forces socialistes (FFS) est sorti vainqueur des partielles qui se sont déroulées jeudi en Kabylie. Aux côtés du FLN qui a effectué un retour très motivé dans la majorité des APC, au coude à coude avec le RCD à Tizi-Ouzou, le FFS semble refaire surface après s'être absenté quasiment pendant toute une décennie. En dominant les principaux partis politiques en lice dans les partielles, le plus ancien parti de l'opposition suggère une grille de lecture nouvelle du dernier scrutin. En premier lieu, cette victoire affirme la présence de l'opposition, dans la région considérée «rebelle», et redonne du crédit aux partis politiques qui ont été effacés devant la montée des archs pendant les dernières années. Ce n'est donc qu'un retour à la normale sur ce plan-là. Les partis n'ont fait que reprendre ce qui leur a été confisqué pendant la période des troubles. C'est également le cas pour le RCD, qui revient en seconde position, et le FLN qui étend son manteau sur toute la région. La particularité de la Kabylie est conçue ainsi. Les électeurs qui se sont exprimés préfèrent l'opposition aux partis considérés proches du pouvoir. Dans quelques communes, ce sont le FNA de Moussa Touati et AHD 54 de Fawzi Rebaïne qui ont créé la surprise parce qu'ils se situent eux aussi du côté de l'opposition. En second lieu, ce scrutin nous renseigne sur les intentions des partis de l'opposition. En gagnant les partielles, ils comptent imprimer leur suprématie sur une région aux nombreuses spécificités mais, en même temps, renouer avec le principe même de la participation aux élections. Car les législatives auront lieu dans moins de deux ans et seront suivies par les locales. Le FFS nous a habitués au boycott, parfois injustifié, jusqu'à ce que d'autres parties - qui ont peut-être horreur de la chaise vide - occupent le terrain. Situation qui a fait suer le FFS et lui a permis de revoir sa stratégie. Le cas du RCD est plus délicat. Ce parti a profité des faveurs des médias lourds et du pouvoir pendant la période de crise pour s'installer confortablement dans la région jusqu'à l'avènement des archs. Enfin, en dernier lieu, on relèvera que les deux partis de l'Alliance présidentielle que sont le RND et le MSP ont été laminés. Le parti de Ahmed Ouyahia se retrouve loin derrière le FLN avec 73 sièges, par exemple à Tizi Ouzou, contre 125 pour le FLN. Ce résultat nous renseignera sur la nature du dialogue qu'il avait mené avec l'aile Abrika des archs. Ces élections sont un indicateur idoine pour les recompositions au sommet. La campagne de sensibilisation pour le référendum sur la charte pour la paix et la réconciliation a mis en exergue les contradictions qui ont émané des discours respectifs de Belkhadem et de Ouyyahia. Or, depuis le 29 septembre dernier, les revendications du FLN sont devenues plus pressantes. Belkhadem ne cesse de répéter que la nécessité de choisir définitivement entre le régime présidentiel et le régime parlementaire, ainsi que l'amendement des lois électorales qui ne répondent plus au mode de scrutin que tout le monde souhaite, s'impose. Il a installé une commission du parti chargée de l'élaboration d'un texte d'amendement de la Constitution et du régime électoral. Il revendique en outre le droit de diriger le gouvernement dans la mesure où il dispose de la majorité des sièges à l'APN et aux APC. Les élections partielles semblent donner raison à ce dernier. Elles présentent en tout cas une grille de lecture intéressante.