Le monoxyde de carbone continue sa sale besogne Les associations de protection des consommateurs appellent à rendre obligatoire ce type d'appareils. Mais on n'a pas besoin d'attendre une loi pour sauver notre vie et celles de nos proches... Le tueur silencieux est en train de faire des ravages! Depuis le début de l'année, 67 personnes sont décédées asphyxiées au monoxyde de carbone. C'est presque tout autant qu'en 2018. La sonnette d'alarme doit étire tirée! Nous sommes face à une véritable hécatombe qui fait de l'ombre, même aux accidents de la route. Les drames qu'il engendre occupent les unes de la presse nationale. Pour dire l'hécatombe à laquelle on fait face! Des familles entières sont décimées. Jeunes, vieux, hommes, femmes...ce «serial- killer» ne fait aucune distinction. Pourtant, une solution existe pour le détecter lorsqu'il entre chez vous. Il s'agit, comme leur nom l'indique bien, des détecteurs de monoxyde de carbone. «Cet appareil analyse l'air afin de détecter si un taux anormal de monoxyde de carbone y est présent, et ainsi prévenir d'une intoxication au monoxyde de carbone», nous explique Mustapha Zebdi, président de l'Association de protection du consommateur et d'orientation des consommateurs (Apoce). «Contrairement au détecteur de fumée, il n'a pas besoin de la présence de particules typiques de fumée dans l'air pour se déclencher, mais seulement de la présence du monoxyde de carbone, ce gaz inodore et incolore», a ajouté la même source non sans rappeler que le monoxyde de carbone est le résultat d'une combustion incomplète, d'un combustible carboné. Le docteur Zebdi recommande donc de rendre obligatoire l'installation de ce genre d'appareildans les maisons. «L'Apoce milite depuis des années afin que les autorités rendent obligatoire ce genre d'appareil dans tous les foyers», soutient-il non sans rappeler que si les appareils de chauffage et les chauffe-bains étaient conformes, que leur entretien se faisait par des professionnels régulièrement, le recours à ce type d'appareil serait inutile. «Néanmoins, chez nous beaucoup d'appareils de chauffage et de chauffe-bains vendus sont contrefaits. Gare à l'excès de confiance... Il faut aussi ajouter que nous ne disposons pas de vrais professionnels pour l'entretien et surtout le citoyen ne fait pas attention aux aérations et à l'entretien de sa cheminée», déplore-t-il. «Ce qui fait que ce type d'appareil doit être obligatoire», poursuit-il avec beaucoup de désolation. Il ne faut donc pas hésiter à dépenser quelques sous qui peuvent vous sauver la vie. Surtout que leur prix n'est pas aussi exorbitant qu'on croit. Ça commence à partir de 2500 dinars. Un petit tour au quartier du Hamiz (banlieue algéroise réputée pour la vente d'électroménager et quincaillerie) ou sur Oued Kniss (site de vente sur Internet), on peut le constater. Toutefois, divers détecteurs de monoxyde de carbone sont proposés. Les vendeurs conseillent certains d'entre eux. Mais peut-on vraiment se fier à leur parole? Le docteur Zebdi assure qu'on ne peut être sûr de leur efficacité du fait qu'aucune étude en laboratoire, de ces appareils électroniques, n'a été faite. «Et comme tout appareil électronique, ils peuvent facilement être contrefaits», a-t-il mis en avant. «Notre association compte faire une étude en laboratoire pour recommander la meilleure marque», a-t-il précisé. En attendant, il recommande de se renseigner sur Internet par rapport aux marques les plus connues ainsi que comment peut-on reconnaître le vrai du faux. «Il faut s'assurer de la traçabilité. Par exemple, ceux qui sont tracés CE (communauté européenne...», a-t-il soutenu. Toutefois, le président de l'Association de protection du consommateur et d'orientation des consommateurs (Apoce) met en garde contre le fait que les détecteurs de monoxyde de carbone soient parfaitement contre-productifs en donnant à tort aux consommateurs le sentiment d'une réelle sécurité. «Je le dis et je le répète, ce sont des appareils complémentaires qui peuvent avoir leur défaillance comme tout objet électronique», a-t-il averti. «La meilleure des protections reste le nettoyage, une fois par an, de tous les équipements de chauffage tels que le chauffe-bain, le chauffage et autres, ainsi que les cheminées, et la bonne aération des maisons», note-t-il. Mustapha Zebdi a également insisté sur l'achat de chauffages et chauffe-eau conformes. «Ceux qui sont contrefaits sont parmi les premières causes de ce genre d'accidents domestiques», a-t-il dénoncé. Chose que confirme la Sonelgaz, elle-même. La Société nationale de l'électricité et du gaz a commandé une enquête pour déterminer les causes réelles de ce carnage. Elle a été menée par la Commission de régulation de l'électricité et du gaz (Creg), une de ses filiales Sonelgaz. Le verdict est sans appel: c'est la contrefaçon. La Sonelgaz dénonce «Le responsable de la vague d'asphyxie au gaz de monoxyde de carbone est le chauffage d'importation!», assure le président de cette commission, Abdelkader Choual. «Les chauffages importés ne sont pas aux normes de sécurité requises», a-t-il révélé. Chose qui est un secret de Polichinelle. En 2013, déjà L'Expression avait fait une petite enquête au niveau des magasins de chauffage du Hamiz, où nous avions déploré la vente en toute légalité de ces chauffages de la mort. Cette virée à la «république du Hamiz», nous a permis de constater que les chauffages de contrefaçon et des sous-marques chinoises et turques aux normes de sécurité douteuses se vendaient librement. 5 ans plus tard, c'est le même terrible constat qu'on a fait. Rien n'a changé, l'Algérie reste la décharge du monde, les citoyens continuent de mourir à cause de cette négligence. Où sont les responsables du ministère du Commerce? Pourquoi la justice ne statue pas automatiquement à chaque accident lié au gaz pour définir la responsabilité de chaque intervenant? Autant de questions qui restent sans réponses. En attendant, le monoxyde de carbone continue sa sale besogne...