Le métier de politicien n'est manifestement pas de tout repos. La maladie du chef de l'Etat, pour bénigne qu'elle puisse être, n'en constitue pas moins un motif d'inquiétude pour l'ensemble de la collectivité nationale. Cependant, les Algériens ont déjà connu pareille situation, avec à la clé, un dénouement heureux. Deux présidents en exercice ont été hospitalisés. Il s'agit de Chadli Bendjedid en 1983, admis dans une clinique belge pour des complications rénales, et Liamine Zeroual, en 1997, dans une clinique en Suisse, pour un problème de circulation sanguine au niveau de son pied. Pour l'un comme pour l'autre, les services de la présidence de la République ont tenu l'opinion quotidiennement informée de l'état de santé des deux présidents. L'on se rappelle, en effet, que l'annonce de l'hospitalisation du président Chadli Bendjedid a été faite par les médias publics, notamment la Télévision nationale. A l'époque, le paysage médiatique était entièrement contrôlé par l'Etat. Mais cela n'a pas empêché la diffusion d'une information continue, images à l'appui, de l'évolution de l'état de santé de Chadli Bendjedid. Et pour cause, aux fins de tranquilliser les Algériens, la télévision diffusait des reportages quasi quotidiens du chef de l'Etat, souriant, en pyjama, dans son lit d'hôpital. Ce travail de communication qui, à l'époque était jugé révolutionnaire pour un pays du tiers-monde, a largement participé à dissiper toute spéculation sur l'origine de la maladie du président. Près de quinze années plus tard, alors que l'Algérie vivait les pires moments de son histoire, les autorités annoncent une dégradation de la santé de Liamine Zeroual, premier président algérien élu au suffrage universel. La seule perspective de la maladie du chef de l'Etat, à l'époque nourrissait toutes les inquiétudes au sein de la société. En effet, dans le milieu des années 90, l'Etat était au plus mal, la seule annonce de l'hospitalisation était ressentie comme un séisme politique. D'où la délicatesse de la mission des autorités qui, faut-il le rappeler, ont joué la carte de la transparence. Les bulletins de santé du président ont été régulièrement rendu publics jusqu'à sa sortie de la clinique et son retour au palais d'El-Mouradia. Le traitement de ces deux événements et les dénouements heureux qu'ils ont connus contribueront sûrement à rassurer les Algériens quant à la «qualité de l'information officielle» dont ils seront destinataires concernant l'hospitalisation du président Bouteflika. Cela dit, en termes de «bobos», ce ne sont pas seulement les présidents qui en ont été victimes. L'on citera, à ce propos, les ennuis de santé du ministre de l'Intérieur, Yazid Zerhouni, qui a fait de fréquents séjours médicaux en Algérie et à l'étranger, sans que cela fasse l'objet de communiqué officiel. L'on citera également le cas d'Aït Ahmed qui a eu un malaise cardiaque en pleine campagne électorale pour la présidentielle de 1999. Le point commun entre tous ces hommes politiques est manifestement le rythme qu'imposent leurs fonctions. Il est clair en fait que le métier de politicien n'est manifestement pas de tout repos, mais il est également admis que tout être humain est sujet à des ennuis de santé. La seule différence c'est lorsqu'on occupe un poste aussi important dans la pyramide de la République, il est primordial pour les autorités de bien communiquer. Et sur ce point, force est d'admettre que l'Algérie a su le faire par deux fois.