Human Rights Watch exige que l'Etat marocain présente ses excuses publiques aux victimes de violations des droits de l'homme. Le Maroc est dans l'oeil du cyclone. Les événements se succèdent et ont comme dénominateur commun, la violation des droits humains par le régime du Makhzen. C'est au moment où Mohammed VI entame une visite officielle au Japon, que deux importantes ONG, à savoir Amnesty International et Human Rights Watch, appellent le Maroc à faire toute la lumière sur les violations en cascade des droits de l'homme, au cours des 38 dernières années. L'organisation Human Rights Watch (HRW), basée à New York, exige que l'Etat marocain présente ses excuses publiques aux victimes de violations des droits de l'homme durant les 38 ans de règne d'Hassan II et que les tortionnaires soient traduits en justice. «Il faut que les autorités marocaines reconnaissent que les atteinte graves aux droits de l'homme étaient systématiques et ordonnées au plus haut niveau de l'Etat et il faut qu'elles présentent des excuses officielles aux victimes et à leur famille», affirme dans son rapport cette organisation américaine des droits de l'homme. L'ONG américaine demande aux autorités marocaines de «s'abstenir de décréter toute amnistie (...) qui exempterait de poursuites les personnes impliquées dans les ‘'disparitions'' ou autres violations graves des droits humains. Toute mesure de clémence devrait être adoptée après l'établissement des responsabilités individuelles». Les recommandations de HRW sont rendues publiques alors que l'Instance Equité et Réconciliation (IER) doit remettre, le 30 novembre, son rapport à Mohammed VI. Cette instance, installée en 2003 par le souverain alaouite, a rendu public, hier, un communiqué dans lequel elle annonce la découverte des dépouilles de 106 victimes de la répression d'un mouvement social à Fès en décembre 1990. Les malheureuses victimes «ont été ensevelies dans le cimetière de Bab al Kissa 7 dans le cimetière Abou Bakr Ben Arabi», précise le communiqué. Pour sa part, Amnesty International a exprimé, hier dans un communiqué son «inquiétude» quant au sort des sept défenseurs des droits humains détenus à la prison de Laâyoune, à savoir : Aminatou Haidar, Ali Salem Tamek, Mohamed El Moutaouakil, Houssein Lidri, Brahim Noumria, Larbi Messaoud et Hmad Hammad arrêtés entre juin et août 2005. Des «détenus d'opinion» devront comparaître le 30 novembre 2005 devant la cour d'appel de Laâyoune. Comme garantie à un meilleur déroulement du procès, Amnesty International annonce qu'elle allait envoyer un observateur au procès qui doit se dérouler au courant de cette semaine. Il y a lieu de rappeler, enfin, que la montée au créneau des ONG coïncide aussi avec l'arrivée, hier à Rabat, du juge français, Patrick Ramaël, chargé de l'enquête sur la disparition en 1965 à Paris du leader de la gauche marocaine Mehdi Ben Barka. Le magistrat aura à auditionner plusieurs personnes, impliquées de près ou de loin dans l'assassinat de Ben Barka, dans le cadre d'une commission rogatoire internationale (CRI).