Durant la décennie rouge que vient de connaître le pays, Bathia a connu les affres et les exactions terroristes les plus monstrueuses. Bathia, du nom de la tribu Batha venue d'Arabie s'installer dans la région au lendemain de la conquête islamique, est située sur les hauteurs de l'Ouarsenis à plus de 1000 m d'altitude. Elle s'étend sur une superficie totale de 1975,97 ha dont 4500 ha de surface utile pour l'agriculture et de 3158,47 ha de forêts. Elle compte 5972 habitants, au dernier recensement. Elle est limitée au Sud par les communes de Benchaïeb et de Sidi Boutouchent (wilaya de Tissemsilt) à l'Est par la commune de Théniet El-Had, à l'Ouest elle juxtapose la commune de Béni-Bouateb (fief consacré des groupes armés). Elle ne possède des limites qu'avec une seule commune de la wilaya de Aïn Defla, El Hassania, située aux fins fonds des limites territoriales de la wilaya de Aïn Defla à 70 km environ au Sud-Ouest du chef-lieu de la wilaya, elle souffre de l'isolement complet et se trouve enclavée dans les monts de l'Ouarsenis, très déshérités. En plus des nombreuses pertes humaines, tous les édifices publics ont été saccagés et détruits. Les élèves sont restés sans école et les administrés sans mairie pendant plus de huit mois. La période d'insécurité a duré pour cette région de 1993 à 1998. Les habitants vivant de l'agriculture dans une proportion de 60% ont fui leurs domiciles pour des contrées offrant plus de sécurité (Aïn Defla, Rouina, Djelida, etc.) Selon El Hadj Guerrah, un des plus anciens présidents d'APC sur le territoire national, «Bathia est desservie par son isolement et son relief accidenté et d'accès très difficile. Elle n'a point de ressources et son grand problème reste le chômage. Le climat désertique glacial en hiver et torride en été accentue son malaise. Les jeunes sont livrés à eux-mêmes et n'ont aucune forme de distraction ou de loisir». Depuis bientôt deux ans, Bathia renoue avec un essor et un développement basés sur l'agriculture. Plus de 60 fellahs ont reçu des aides pour l'investissement. Avec des subventions du FNDRA, l'agriculture, l'apiculture et l'arboriculture semblent se relever. Des institutions, telle l'ANSEJ contribuent à cette relance, ô combien désirée et vitale. Les services des forêts ne sont pas restés insensibles au problème puisque plus de 100 ha ont été plantés en arbres fruitiers (amandiers-oliviers) des pistes et des chemins de campagne ont été ouverts, des routes restaurées. Bathia constitue un prolongement dans les chaînes de l'Ouarsenis et se trouvait située dans la wilay IV, zone 3. Les habitants ont participé fièrement à la lutte armée pour l'accès à l'Indépendance et la liberté. Elle fut naturellement un centre historique, stratégique, un relais entre les wilayas de l'Est et celles de l'Ouest, un passage obligé. Des actions et des combats grandioses ont eu lieu dans la commune. Afin de commémorer la journée du 20 Août, Journée nationale du moudjahid, des inaugurations d'édifices publics (antennes administratives, maisons de jeunes, centres de santé) et des débaptisations de rues et de quartiers ont eu lieu. Un magnifique monument aux morts a été érigé. Il porte plus de 600 noms de chahid. Bathia, commune martyrisée par le colonialisme français et une seconde fois par les hordes terroristes est sortie de sa léthargie l'espace d'un moment, pour vivre dans la joie et la liesse populaire, qui ne sauraient être totales que si elles durent dans le temps.