Une ambiance bon enfant Les étudiants ont marché, hier à Alger, pour dire «non» au cinquième mandat de Abdelaziz Bouteflika. Le centre d'Alger a vibré, hier, au rythme de la contestation estudiantine. Des centaines d'étudiants relevant de différentes facultés d'Alger se sont rassemblés en plein coeur de la capitale, pour crier «non au cinquième mandat de Abdelaziz Bouteflika». La manifestation s'est d'abord amorcée au niveau de la Faculté centrale d'Alger. Il était à peu près 11 h, quand un nombre important d'étudiants s'est amassé dans l'enceinte de l'université. Derrière le portail cadenassé de la faculté, des dizaines d'entre eux brandissaient des pancartes comportant des slogans hostiles au pouvoir. Des slogans tels que «Non au cinquième mandat de Bouteflika» ou encore «les étudiants sont en colère, au cinquième mandat ils s'opposent» sont scandés en force par les protestants. A peine une demi-heure plus tard, les manifestants sont sortis hors de l'université. A ce moment-là, un autre groupe d'étudiants les rejoint. Mais l'impressionnant dispositif de sécurité établi par les services de l'ordre a scindé les manifestants de sorte à contenir la foule. Les éléments de la police ont commencé à former un cordon de sécurité pour empêcher le débordement des étudiants qui tentaient de marcher. Bien qu'avec difficulté, ces derniers ont pu marcher quelques mètres et sont arrivés à proximité de la Grande Poste. Au fur et à mesure que d'autres étudiants affluaient encore sur les lieux, des agents de police sont appelés en renfort. Ils semblaient débordés du fait de l'affluence des manifestants de part et d'autre. Ils réussirent toutefois à contrôler l'afflux. Le groupe d'étudiants tentaient alors de forcer le cordon de sécurité en criant haut et fort des slogans contre le pouvoir en place. Clairement, ils demandent le départ de toutes les principales figures composant l'Exécutif, «Nous voulons faire tomber le régime» pouvait-on entendre sur place. Ils s'en prennent ainsi au Premier ministre Ouyahia demandant haut et fort son départ. C'est au niveau du jardin Khemisti qui jouxte la Grande Poste que le bras de fer entre les services de l'ordre et les manifestants a eu lieu. Cela dit, les deux parties ne voulaient pas être violentes l'une contre l'autre. Les policiers se contentaient de repousser les étudiants les exhortant de quitter les lieux. En parallèle les manifestants criaient en coeur «silmya silmiya» (pacifique, pacifique). Moins de deux heures après, les étudiants venus de Bouzareah, Ben Aknoun arrivent sur place. La foule grossit et commence à avancer hasardeusement. La police entrave sa marche. Pris en sandwich entre deux cohortes de casques bleus, ils n'ont d'autre choix que de stagner sur place. Là encore, les mêmes phrases de contestation tournent en boucle. Des balcons des maisons, on entend des youyou, des citoyens qui passaient par là, filmaient le rassemblement, quand d'autres achetaient des bouteilles d'eau pour les distribuer aux étudiants. Des klaxons fusaient de tous les sens, sous les applaudissements des manifestants. Sur le trottoir, beaucoup de citoyens commentent l'évènement, appuyant pour la plupart la démarche de ces universitaires. «Ne leur faites pas de mal, c'est encore des enfants», criait un homme à un policier qui tenait une matraque dans une main et un bouclier dans l'autre. «Ils ont raison, nous sommes de tout coeur avec vous», renchérit un autre. Du côté des forces de l'ordre, on pouvait percevoir dans le regard des policiers, qui ne dépassaient pas la trentaine pour la plupart, une once d'abattement. Car même si, ils repoussaient les manifestants, aucun geste violent n'a émané de leur part. Deux heures plus tard, des groupes d'étudiants envahissaient les rues de la capitale, portant des drapeaux algériens et même berbères. Voyant que la police a obstrué pratiquement toutes les artères de la ville, les manifestants rebroussent chemin et marchent le long de la rue Didouche-Mourad, passant pour certains, du tunnel des facultés, vers la place Maurice-Audin. Le cortège s'est arrêté sur cette place, avec la foule qui réitère en boucle des slogans hostiles à la candidature de Abdelaziz Bouteflika, demandant le départ de tous les tenants du pouvoir. D'après nos informations, cette marche n'a pas été prévue au programme. A l'heure où nous mettons sous presse, les manifestants protestent toujours pacifiquement à Audin, et seront rejoints par d'autres étudiants dans les minutes qui viennent.