A un mois de la grève générale annoncée par les syndicats du secteur, la tension entre les syndicats et la tutelle a atteint son paroxysme. Bien que les syndicats de l'éducation soient déterminés à observer une grève générale le 15 et le 16 janvier prochain, la tutelle promet de son côté de passer aux sanctions. Le ministre de l'Education nationale, M.Boubakeur Benbouzid, invité hier à l'émission «Question de l'heure» de la Chaîne III, s'est clairement exprimé sur ce sujet. Ce dernier n'a pas voulu se prononcer, tant qu'aucun avis de grève n'a été déposé auprès de son département. Le ministre a déclaré en toute franchise, qu'il n'est pas du tout disponible à discuter avec les syndicats non agréés. «Les portes du ministère sont entièrement ouvertes aux syndicats agréés et aux associations pour discuter des revendications et des préoccupations des enseignants», lance-t-il, pour prouver qu'il n'y a pas manque de communication. Concernant la question de l'augmentation des salaires, qui sont au centre des revendications, Benbouzid considère que c'est un problème national. La question des salaires se pose, explique-t-il, au niveau de tous les secteurs. «Nous avons apporté une augmentation de 50% des salaires en 2003», déclare-t-il tout en étant persuadé qu'aucun secteur n'a pu bénéficier d'une telle augmentation durant les deux dernières années. Relevant la question relative au statut particulier des travailleurs, le ministre rassure les enseignants sur ce sujet lequel sera tranché prochainement lors de la tripartite. «On veut ce statut pour se mettre en conformité avec le processus de réforme, car l'ancien ne convient plus avec la nouvelle organisation» précise-t-il. Quant à la troisième revendication portant sur la retraite totale à 100%, le ministre dira brièvement que c'est la loi nationale qui le préconise. Donc, l'invité de la Chaîne III ne voit aucune raison de faire grève, puisque tous les travailleurs des autres secteurs souffrent des mêmes conditions. Même s'il n'est pas contre le principe, le ministre n'apprécie pas l'action de grève qui risque de perturber le processus de réforme. Benbouzid prévient les enseignants contre toute dérive qui risque de nuire à leur avenir. La solution paraît simple et facile à ses yeux : « En cas de grève, la réglementation sera appliquée et les profs ne seront pas payés». Interrogé, par ailleurs, sur le processus de la réforme éducative, lancé depuis 3 ans, le ministre est revenu sur les grands chantiers en cours de réalisation. Au chapitre formation, le ministre s'engage que sur les 280.000 enseignants, 210.000 seront titulaires d'un diplôme universitaire d'ici 2010, soit 95% des enseignants. Il rappelle à ce titre que 43.000 dossiers de contractuels ont été régularisés durant les cinq dernières années. Pour combler le déficit enregistré en enseignants de la langue française, son département a eu recours au recrutement de diplômés bac +1.Ces derniers, souligne le ministre, vont bénéficier en parallèle d'une formation. Afin d'éviter ce genre de problème dans le futur, plusieurs actions ont été engagées en collaboration avec le département de l'Enseignement supérieur et celui de la Formation professionnelle. En plus de la formation des enseignants, Benbouzid compte également renvoyer le personnel administratif sur les bancs de l'école. Un programme de formation des superviseurs et des directeurs est en cours de préparation pour améliorer la gestion des établissements scolaires. Mécontent des résultats enregistrés, le premier responsable veut rendre le système éducatif plus rigoureux et fertile. «Je veux des managers pédagogiques dans mes établissements», dit-il. S'expliquant sur le manque de manuels scolaires au niveau des établissements, le ministre affirme qu'il ne s'agit pas d'un manque mais plutôt d'un problème de gestion et d'acheminement. Le ministère, avoue-t-il, n'a plus les moyens pour assurer la distribution à travers tout le territoire. Devant cet état de fait, il procédera à la création des sociétés qui s'occuperont de la distribution. Le ministre compte saisir le chef du gouvernement pour allouer une prime aux familles démunies, afin de mettre le livre à la disposition de tous les élèves. Enfin et après l'adoption récemment de la loi portant sur les écoles privées, le ministre compte poursuivre sa bataille sur le terrain jusqu'au bout. «Il y a environ 50 écoles privées non agréées qui fonctionnent toujours, celles-ci seront fermées dans de proches délais», clame le ministre.