Le taux de suivi du débrayage dans la Fonction publique, tous secteurs confondus, a atteint 80% au niveau des 48 wilayas. La grève initiée par les douze syndicats de la Fonction publique a été largement suivie. Nonobstant le secteur de l'éducation, pourtant en ébullition depuis plusieurs semaines, les lycées de la Capitale, El Idrissi, Lacroix,...toutes classes confondues, ont poursuivi leurs cours dans de bonnes conditions. Le climat régnant au sein de ces établissements secondaires ne laissait entrevoir aucun indice d'une éventuelle grève. Le souci était, plutôt, du côté des élèves, notamment les candidats au baccalauréat, «désorientés» par des sujets d'examen jugés hors de portée. Cependant, M.Meriane, porte-parole de la Coordination et coordinateur du Syndicat national autonome des professeurs de l'enseignement secondaire (Snapest), tient un autre langage. «Au sein de ces mêmes établissements où les élèves sont en en pleine composition, certains enseignants sont, bel et bien, en grève», a-t-il insisté. Et d'ajouter: «Des piquets de grève ont été observés.» A se fier à ses propos, le taux de suivi de cette grève dans la Fonction publique, tous secteurs confondus, a atteint 80% au niveau des 48 wilayas. «S'agissant des deux paliers, moyen et primaire, le taux de suivi a dépassé les 90%. Quant au cycle secondaire, ce mouvement de protestation a été suivi à hauteur de 70%», a souligné M.Meriane. Il y a lieu de souligner que les organisateurs ont tendance à gonfler les chiffres. En effet, les services concernés estiment que le mot d'orde de grève a été suivi à hauteur de 40% seulement. Interrogé sur le communiqué émanant de la chefferie du gouvernement, où l'ensemble des syndicats ayant appelé à cette grève ont été affublés d'un vocable peu glorieux: d'«agitateurs», M.Meriane n'a pas hésité à rétorquer: «Au lieu de nous incriminer, le chef du gouvernement doit s'incriminer lui-même», a fulminé notre interlocuteur. Irrité par ces déclarations, il n'y est pas allé avec le dos de la cuillère pour dire: «C'est ce même chef du gouvernement qui est responsable de la précarité dans laquelle s'embourbent les fonctionnaires, de leur pouvoir d'achat dérisoire...», a clamé M.Meriane, contacté hier par téléphone. Succinct mais précis, il poursuit: «Il s'agit d'une diffamation à l'encontre de l'ensemble des syndicats.» De son côté, le Dr Lyès Merabet, secrétaire général du Snpsp déclare que «c'est désolant d'avoir à lire des déclarations traitant les médecins et les enseignants de gens manipulés» et d'ajouter qu'«à chaque fois que nous revendiquons nos droits, on nous parle de manipulation! C'est du mépris de la part des pouvoirs publics qui maintiennent les portes du dialogue fermées malgré toutes les actions de protestation que nous avons entamées jusque-là». Il rappelle, dans ce cadre, que les syndicats autonomes avait déjà déposé une lettre de doléances avec demande d'audience au niveau de la chefferie du gouvernement, restée lettre morte. Au niveau de la santé publique, les médecins ont répondu à l'appel de leurs syndicats. Les services des différents hôpitaux de la capitale, notamment au CHU Mustapha-Bacha, étaient paralysés. Les maîtres-assistants, les professeurs et docents et les praticiens généralistes et spécialistes de la santé publique n'ont pas assuré le service. D'ailleurs, dans l'enceinte du CHU Mustapha-Bacha, les travailleurs ont observé scrupuleusement un piquet de grève. Ainsi, et malgré l'action engagée par le ministère de la Santé pour annuler cette grève par décision de justice, les syndicalistes ont maintenu le débrayage. Le département de Amar Tou a déposé plainte, samedi dernier, en référé contre les quatre organisations syndicales du secteur, à savoir le Snpssp, le Snpsp, le Snmasm et le Snapsy. Il a annoncé dans un communiqué que, statuant en référé, la chambre administrative de la cour d'Alger a déclaré illégal l'appel à la grève lancé par les quatre syndicats. Pour les représentants syndicaux, le débrayage est maintenu. «Sur le plan officiel, la grève n'a pas été notifiée par la justice», indique à L'Expression le Dr Merabet. Notre interlocuteur s'étonne de la réaction de la tutelle «puisque nos revendications dépassent le cadre du ministère». Il explique que les syndicats réclament aujourd'hui la révision de la grille des salaires et du point indiciaire ainsi que l'ouverture d'un dialogue sérieux. «C'est à la direction générale de la Fonction publique de répondre à ces doléances et non pas au ministère de la Santé», précise le Dr Merabet. Le secrétaire général du syndicat des maîtres-assistants, M.Rachid Belhadj, regrette le comportement des pouvoirs publics et se demande pourquoi les autres départements n'ont pas eu recours à la même action que celle de leur tutelle. Interpellé pour apaiser la tension, le gouvernement ne vient-il pas de jeter de l'huile sur le feu?