L'Arabie saoudite maintient sa production de pétrole sous les 10 millions de barils par jour pour booster les prix, a déclaré, hier, un responsable saoudien. Le bras de fer redouble d'intensité. La guerre des prix du pétrole s'annonce sans concessions. Il y a d'un côté le président des Etats-Unis qui fait des pieds et des mains pour faire plonger le baril et de l'autre l'Arabie saoudite qui s'est fixé comme objectif de le propulser au-dessus des 80 dollars. L'arme la plus redoutable, la plus efficace pour y arriver consiste à serrer les vannes. Et c'est ce que le Royaume wahhabite compte mettre à exécution en plus de la baisse de la production de l'alliance Opep-non Opep de 1,2 million de barils par jour décidée le 8 décembre 2018, à Vienne en Autriche, et qui est entrée en action depuis le 1er janvier 2019. Riyadh compte ramener ses exportations sous les 7 millions de b/j le mois prochain. «L'Arabie saoudite prévoit de ramener ses exportations de pétrole sous sept millions de barils par jour en avril tout en maintenant sa production nettement sous les 10 millions de bpj», a déclaré hier un responsable saoudien, cité par l'Agence Reuters. «Malgré une très forte demande de clients internationaux à plus de 7,6 millions de bpj, moins de sept millions de bpj ont été alloués», a-t-il révélé. Et l'Arabie saoudite a affiché sa détermination d'aller plus loin. De faire un effort supplémentaire supérieur à celui qui lui a été fixé dans le cadre de l'accord Opep- non Opep. «La production restera nettement inférieure à 10 millions de bpj en avril», a confié la source saoudienne tout en soulignant que c'est aussi moins que l'objectif de production de 10,311 millions de barils par jour accepté par l'Arabie saoudite dans le cadre de l'accord sur la réduction de la production de pétrole de l'Opep et de ses alliés. Les exportations saoudiennes de mars seront aussi inférieures à 7 millions de barils par jour, rapporte la dépêche de l'agence internationale de presse basée à Londres, datée d'hier. Le chef de file de l'Opep se tient vraisemblablement prêt à faire preuve d'efforts exceptionnels pour qu'enfin le baril atteigne un niveau satisfaisant qui puisse lui permettre ainsi qu'à ses partenaires de l'alliance Opep-non Opep d'assurer leurs équilibres financiers. «L'Arabie saoudite fait preuve d'un extraordinaire engagement pour accélérer le rééquilibrage du marché», a assuré le responsable saoudien, qui espèrent que les autres membres de la «coalition» en fassent autant. Dans ce face-à-face impitoyable qui l'oppose au locataire de la Maison-Blanche, le chef de file de l'Organisation des pays exportateurs de pétrole se porte aux avant-postes. Riyadh défie Washington dans un contexte assez particulier. Il y a en effet du gaz dans l'air entre Saoudiens et Américains depuis l'assassinat du journaliste saoudien Jamal Khashoggi dans le consulat d'Arabie saoudite à Istanbul. Avant cet épisode tragique, le président américain qui a accusé l'Opep d'être derrière le rebond des prix du pétrole n'a eu de cesse de faire des appels du pied au leader de l'Opep pour qu'il augmente sa production afin de les faire baisser et pallier les exportations iraniennes mises sous embargo le 4 novembre 2018. Donald Trump est revenu à la charge. «Les prix du pétrole montent trop. L'Opep, s'il vous plaît, détendez-vous et gardez votre calme. Le monde ne peut pas encaisser une hausse des prix - trop fragile!» a-t-il écrit dans un message posté sur Twitter. L'Opep est restée ferme. «L'Organisation des pays exportateurs de pétrole et ses alliés continueront d'appliquer leur accord de réduction de la production en dépit des critiques du président américain Donald Trump», avait déclaré une source de l'Organisation des pays exportateurs de pétrole citée par Reuters. Une attitude qui ne laisse pas le baril insensible. Hier vers 16h30 heure algérienne il progressait de 75 cents pour s'échanger à 66,45 à Londres.