Erigés en gardiens de parking, certains jeunes imposent leur propre loi sur fond de menace. S'abritant derrière le fallacieux et redoutable prétexte du chômage, des jeunes désoeuvrés ne se sont pas, pour autant, mis martel en tête en s'autoproclamant, sans autorisation aucune, gardiens des parkings et autres places publiques, en jetant la plume, la paille au vent, contre l'obligation faite aux automobilistes de s'acquitter en monnaie sonnante et trébuchante dont ils fixent eux-mêmes le montant. Cette pratique véritablement illégale comme bien d'autres du reste, n'en est pas moins tolérée, sachant qu'elle a cours au grand jour, au vu et au su de tous. Malheureusement, la frontière entre le licite et l'illicite est si ténue, ce qui prête à penser que ça ne sert à rien de jouer la flûte dans l'eau, un délit non puni ne finit-il pas par devenir un droit dans l'esprit de celui qui en bénéficie fût-ce indûment. Ceci dit, la transgression caractérisée de la loi dont il est question dans ce propos dépasse l'entendement. Comment concevoir en effet qu'un groupe d'individus, aussi découragés soient-ils, se mettent en tête d'attenter à la liberté d'autrui sans risquer la moindre riposte de la part de ceux censés assurer la protection des biens et des personnes? Rassurés par cette impunité, des bandes organisées s'autoproclament pour mission de détrousser les automobilistes qui se hasarderaient à garer leur véhicule dans un espace qui se trouve être transformé en chasse gardée de ces gardiens improvisés. Pour ce faire, l'attirail de service est des plus naturels, dirions-nous, puisqu'il suffit de disposer de muscles bien gonflés, un gourdin à la main pour faire frémir la victime. La suite se résume à un simple jeu d'enfant sachant que chaque automobiliste qui s'immobilise même pour un rien est soumis, bon gré mal gré, à une obole qui oscille entre 20 et 40 DA payable rubis sur l'ongle. Les rares récalcitrants qui refusent le fait accompli, se verront illico et sans bavure, rétorquer: «S'il arrive des dégâts à votre voiture, nous ne sommes pas responsables». Un conseil déguisé et il faut le dire, sur fond de menace ! Un fait inqualifiable et époustouflant en même temps, des insoumis sans mandat ni autorisation aucune de quelque autorité que ce soit décident de soumettre chaque automobiliste qui veut stationner, soit au parc avoisinant le siège de la wilaya de Souk Ahras ou face à l'état civil du chef-lieu, au paiement injustifié et injustifiable de 20 DA. Il faut le dire, existe-t-il une assise juridique à cette pratique? Devant ces agissements, les pouvoirs publics se cantonnent dans un silence inouï; en corollaire, autant de questions en fait qui restent, pour l'heure, du moins sans réponses? Le maire de la ville, M.Houmana Boularès, interviewé par nos soins sur ce problème, nous a confirmé que «ces impénitents agissent de leur propre gré, sans l'avis et encore moins de la bénédiction de qui que ce soit». Jusqu'à ce jour, ces invétérés continuent à faire avaler des couleuvres aux automobilistes, le plus normalement du monde.