Selon l'ambassadeur du Royaume-uni à Alger, c'est au gouvernement algérien de convaincre les tribunaux britanniques d'accélérer les procédures. L'extradition des terroristes algériens détenus en Grande-Bretagne, fait l'objet actuellement de longues discussions entre les autorités des deux pays. «Nous sommes en train de finaliser quatre conventions avec le gouvernement algérien», nous a exclusivement annoncé, hier, l'ambassadeur du Royaume-Uni en Algérie, M.Andrew Tesorière, en marge d'un network qui a regroupé les opérateurs britanniques et leurs homologues algériens. L'ambassadeur a émis des réserves sur ce sujet pour éviter d'entrer dans les détails. «Je ne peux pas donner plus de détail sur cette affaire», affirme-t-il. Ces accords porteront probablement sur le sort des sept Algériens, qui séjournent depuis près de trois ans dans les prisons de haute sécurité. Cependant, l'ambassadeur déplore l'absence d'un cadre juridique légal, c'est-à-dire une convention bilatérale, qui permet aux deux pays d'accélérer les procédures d'extradition des terroristes. Le gouvernement algérien, suggère-t-il, doit avoir une base juridique pour achever les choses. Sachant que son gouvernement n'a aucun poids pour intervenir auprès des tribunaux, l'ambassadeur affirme que c'est au gouvernement algérien de faire bouger les choses. «Le gouvernement algérien, réitère-t-il, doit présenter des dossiers complets et bien détaillés pour convaincre les tribunaux sur l'extradition des terroristes». Même si le gouvernement de Tony Blair veut se débarrasser des Algériens impliqués dans des attentats terroristes, la décision revient à la justice, une instance connue pour son indépendance. D'ailleurs, les autorités britanniques ont déjà exprimé le souhait de signer un mémorandum d'entente avec l'Algérie. En effet, ce mémorandum garantirait aux Algériens, détenus en Grande-Bretagne, dans le cadre des enquêtes sur le terrorisme, qu'ils ne seraient pas torturés une fois entre les mains des Algériens. Les sept Algériens, rappelons-le, ont été arrêtés en compagnie d'autres ressortissants à Londres, Manchester et Edinburgh, dans le cadre de la loi de 2001 relative à la sécurité et à la lutte contre la criminalité et le terrorisme, promulguée par le gouvernement de Tony Blair, qui autorise la police à placer en détention un ressortissant étranger soupçonné de terrorisme pour une durée indéterminée et sans rendre publiques les charges retenues contre lui. Leur détention a été jugée illégale, le 16 décembre dernier 2004, par la Chambre des lords (Law lords), la plus haute instance judiciaire du Royaume-Uni. Celle-ci a exigé du gouvernement de les libérer ou d'apporter les preuves de leur culpabilité, chose qui n'a pas arrangé le gouvernement Tony Blair. Embarrassé par la décision, le ministre de l'Intérieur britannique a immédiatement exprimé son intention d'élaborer des «mémorandums d'entente» avec les pays concernés, entre autres l'Algérie, l'Egypte, la Tunisie et la Jordanie, à travers lesquels ils s'engageraient à ne pas «torturer ou appliquer la peine capitale» sur lesdits détenus lorsqu'ils seraient renvoyés dans leurs pays respectifs d'origine. La ministre déléguée britannique au Foreign Office et vice-présidente de la Chambre des lords, Mme Elisabeth Simons, en visite récemment à Alger, avait évoqué cette affaire avec les responsables algériens. Il semble que le gouvernement britannique veut à tout prix débarrasser son territoire, qui est devenu une terre d'asile pour les terroristes. Le ministre de la Justice et garde des Sceaux, M.Tayeb Belaïz avait annoncé, lors de l'ouverture de l'année judiciaire, que des négociations sont en cours avec plus de 15 pays pour la signature des conventions portant sur le code civil et pénal et l'extradition des criminels. La Grande-Bretagne figure en tête de liste des pays concernés. Si le gouvernement de Tony Blair a réussi sa stratégie, il n'échappera pas, néanmoins, aux accusations de l'Ordre des avocats britanniques. Ce dernier reproche au gouvernement d'avoir tenté, à travers ces mémorandums, de trouver une issue pour se débarrasser de cette affaire devenue encombrante et qui a suscité une large désapprobation au sein de la société civile britannique.