L'Algérie reste intransigeante sur la condition de la justice anglaise de faire accompagner les prisonniers algériens par un juge britannique. «Le procès qui s'ouvre, aujourd'hui, au tribunal de Blida n'est pas lié à l'accord d'extradition signé entre l'Algérie et le Royaume-Uni. Et l'absence du principal accusé ne saurait affecter son déroulement», C'est ce qu'a affirmé, hier, M.Mohamed Salah Dembri, l'ambassadeur d'Algérie à Londres, sur les ondes de la Chaîne III de la Radio nationale. Dembri a précisé qu'un mandat d'arrêt international est lancé contre Khalifa pour des délits criminels. Dans ce cas, il s'agit plus d'exécuter le mandat d'amener, lequel fait l'objet de négociations entre les deux pays que d'une demande d'extradition. L'extradition de Abdelmoumène Khalifa reste incertaine en dépit des accords signés entre Alger et Londres dans ce domaine. «L'accord sur l'extradition est lui-même partie intégrante de quatre accords signés lors de la dernière visite du président de la République en Grande-Bretagne» a souligné Mohamed Salah Dembri. L'ambassadeur algérien a précisé que l'accord ne serait applicable qu'après sa publication dans le Journal Officiel des deux pays, ce qui n'est pas encore fait. Aussi, il a indiqué que le tribunal de Blida devra initier une requête d'usage afin de demander la présence du patron d'El Khalifa. Une procédure, a laissé entendre l'interlocuteur, qui va assurément conforter la position du gouvernement algérien. Cependant, il a expliqué les raisons de la lenteur affichée par le partenaire londonien pour la ratification des accords, signés le 11 juillet dernier, mais a écarté tout malentendu entre les deux pays. «Notre partenaire, a-t-il soutenu, est conscient que l'Algérie a évolué dans le domaine du respect des droits de l'homme. Notre pays bénéficie d'une grande crédibilité à l'échelle internationale». La peine de mort, non encore abolie sera-t-elle à l'origine de ce retard? M.Dembri dément «Même si cette sentence n'a pas été effacée de la législation, force est de constater que l'Algérie n'a pas appliqué la peine de mort depuis 1993. Ce qui fait d'elle un exemple à suivre dans la région». Ce n'est pas l'avis du président de la Commission des droits de l'homme, M.Ksentini, qui a révélé son intention de saisir le président de la République pour l'abolition de cette peine, qu'il qualifie «d'absurde, cruelle et inutile». Selon lui, elle est à l'origine du blocage qui freine les formalités et les accords d'extradition que compte parapher l'Algérie avec plusieurs pays. Pour rappel, du côté algérien, la convention relative à l'extradition, signée à Londres le 11 juillet 2006, a été adoptée par le conseil des ministres le 26 novembre 2006. Idem pour les trois autres accords relatifs à l'entraide judiciaire en matière pénale, civile et commerciale ainsi que l'accord relatif à la circulation des personnes et la réadmission. En Grande-Bretagne, c'est le Parlement qui a cette autorité. Abordant les extraditions liées au terrorisme, Dembri a reconnu l'existence de demandes algériennes d'extradition de personnes recherchées, à l'instar de demandes britanniques qui ne sont, néanmoins, pas des demandes d'extradition proprement dites. Tout en soulignant que l'Algérie reste intransigeante sur la condition de la justice anglaise de faire accompagner les prisonniers algériens par un juge britannique, M.Dembri a révélé que huit Algériens font l'objet d'une demande d'extradition du Royaume- Uni. «Un seul, seulement, a fait l'objet d'une demande d'expulsion par les autorités algériennes. Les autres ont exprimé, de leur plein gré, la volonté de rentrer au pays». L'invité de la Chaîne III a expliqué que l'expulsion est précédée par une procédure d'identification. «Il faut qu'on fasse la part des choses. L'extradition est née d'une demande formulée par les autorités algériennes. L'expulsion est engagée par les Anglais à l'encontre des personnes dont la présence constituerait une menace pour la sécurité du Royaume». Sur ce chapitre, le dialogue est engagé. L'Algérie tient à avoir l'ensemble des informations concernant, notamment, l'identité des éventuels expulsés, les charges retenues et les conditions de leur détention. «Il s'agit de la souveraineté nationale», a-t-il justifié.