Une mobilisation et des conditions préalables «L'hypocrisie des discours de certains responsables à la réunion de Bruxelles suscite l'ironie et la colère», a ainsi réagi un responsable du ministère syrien des Affaires étrangères qui ajoute que les sanctions imposées à Damas ont privé «l'Union européenne de toute crédibilité». Réagissant hier aux promesses formulées par les pays, organisations et autres ONG participant à la «troisième conférence sur l'avenir de la Syrie», selon lesquelles plusieurs «milliards de dollars iront aux réfugiés victimes de la guerre dans ce pays, Damas a qualifié d' «hypocrisie» aussi bien le forum en lui-même que ses résolutions. Bien qu'organisée par l'Union européenne sous l'égide de l'ONU, cette troisième édition aura encore une fois, pêché par omission, en ce sens que non seulement les autorités légitimes syriennes en sont toujours exclues mais que les déclarations et les ambitions s'alignent sans cesses sur les positions de certaines puissances engagées dans la coalition internationale censée combattre Daesh tout en ayant d'autres objectifs bien connus. Des pays qui persistent à imposer à la Syrie des sanctions économiques lourdes de conséquences tout en prétendant venir au secours de la population meurtrie par huit années de guerre totale.Cette «conférence des donateurs pour la Syrie» organisée à Bruxelles ces dernières quarante huit heures s'est achevée sur l'annonce d'une «récolte» théorique de quelque sept milliards de dollars, soit 6,1 milliards d'euros, pour voler au secours des réfugiés dont le plus grand nombre se trouve en Turquie, au Liban et en Jordanie, sauf que ce programme en amont de la reconstruction de la Syrie est assorti d'une condition draconienne, à savoir un processus de paix «crédible». «L'hypocrisie des discours de certains responsables à la réunion de Bruxelles suscite l'ironie et la colère», a ainsi réagi un responsable du ministère syrien des Affaires étrangères. Celui-ci a estimé, en outre, que les sanctions longtemps imposées à Damas ont privé «l'Union européenne de toute crédibilité lorsqu'elle parle d'aider les Syriens et d'alléger leurs souffrances», si l'on en juge par les propos qu'a rapportés l'agence de presse officielle syrienne Sana. La principale critique concerne bien évidemment le fait que les organisateurs aient cru normal de tenir à l'écart de cette conférence le gouvernement syrien qui demeure «la partie la plus concernée». Derrière cette mise à l'index, se confirme encore et toujours, a souligné le responsable du MAE syrien, cette «politisation systématique et délibérée des questions comme l'aide humanitaire afin de continuer à faire pression» sur la Syrie. On sait que la première responsable de la diplomatie européenne, Federica Mogherini, n'a pas manqué de prévenir en guise de conclusion de la réunion de Bruxelles que les sommes évoquées «ne seront déboursées que si un processus de paix crédible commence à Genève, sous les auspices des Nations unies». De même que lui a surenchéri le ministre belge des Affaires étrangères en déclarant d'un ton abrupt: «Il faut que le régime syrien soit à la table à Genève.» «Nous espérons, a-t-il ensuite ajouté, que dans les prochains mois on pourra voir bouger la situation politique. Cela permettra de commencer la reconstruction et de travailler au retour des réfugiés.» Ces oukases qui interviennent sans cesse, depuis plusieurs années maintenant, illustrent le degré de méconnaissance de la réalité syrienne sur le terrain et ne font que rendre de plus en plus aléatoire l'espérance nourrie dans les camps de réfugiés et plus encore dans les pays qui les accueillent et nourrissent l'espoir d'en récolter quelques dividendes. Pour l'instant, aussi belles que soient les promesses, elles n'engagent, en réalité, que ceux qui les reçoivent avec une impatience soutenue.