Une cinquantaine de personnes ont été tuées lundi par l'aviation de la coalition internationale dans le camp de Baghouz à Deir Ezzor, au lendemain des déclarations du président syrien Bachar al-Assad sur le "siège économique" auquel est soumis son pays en raison des sanctions internationales imposées à son gouvernement depuis le début de la crise il y a huit ans. Après une nouvelle suspension pour permettre l'évacuation de dizaines de milliers de personnes dans le camp de Baghouz dans la banlieue est de Deir Ezzor, "50 personnes dont des femmes et des enfants ont été tuées" , par l'aviation de la coalition internationale, selon l'agence de presse syrienne Sana. Ces développements interviennent à la veille d'une conférence sur l'avenir de la Syrie prévue mardi à Bruxelles en vue de discuter des voies et moyens permettant l'accompagnement de la Syrie et les efforts de l'Onu pour la prise en charge des conséquences de la crise qui frappe le pays. Dimanche, le président al-Assad a estimé que "la guerre contre la Syrie commence à prendre une nouvelle forme basée sur un siège et une guerre économiques", citant de nouveaux "outils politiques internationaux". Le chef d'Etat syrien a estimé qu'au lieu du dialogue, les puissances étrangères ont adopté "une approche différente incarnée par le boycott, le retrait d'ambassadeurs, le siège économique et l'utilisation du terrorisme". En effet, si la Syrie sort un peu de son isolement diplomatique de nombreux Etats et organisations continuent de s'opposer farouchement au gouvernement syrien, comme la Ligue arabe qui ne prévoit pas une réintégration de la Syrie à la prochaine réunion des ministres des Affaires étrangères de l'organisation. Comme l'Arabie saoudite, le Qatar refuse une normalisation avec la Syrie. La France de son côté, reste ferme sur sa position "normalisation ou banalisation de la situation en Syrie serait irresponsable". Alors que la crise va entrer dans sa neuvième année ce mois-ci, le pays fait face à une pénurie de combustible. Les Etats-Unis et l'Union européenne avaient décidé d'imposer des sanctions économiques contre des personnalités et des entités affiliées au gouvernement syrien, gelant leurs avoirs financiers et interdisant tout commerce d'armes et de pétrole avec Damas. Conséquences: les prix ont fortement augmenté pour le gaz domestique et des queues se forment régulièrement pour acheter des bonbonnes de gaz. Washington a œuvré à restreindre encore plus sévèrement les livraisons de pétrole, tandis que les principaux champs pétroliers et gaziers du pays, situés dans le Nord-Est, échappent toujours au contrôle du gouvernement, selon des médias. Toutefois, soutenu par la Russie depuis 2015, Damas a enchainé les victoires contre les terroristes ces deux dernières années et contrôle aujourd'hui près des deux tiers du territoire. Mais le conflit, qui a fait plus de 360.000 morts et poussé des millions de Syriens à l'exil, a ravagé l'économie du pays dont les infrastructures sont en grande partie détruites.
Conférence sur la "reconstruction de la Syrie" à Bruxelles Plus de deux ans depuis la reconquête par le gouvernement des anciennes villes des mains du groupe terroriste autoproclamé "Etat islamique" (EI/Daech), notamment les villes antiques comme Palmyre ou Raqqa dans le nord du pays, les initiatives de reconstruction se dessinent, après que la Chine ait réitéré sa volonté de participer activement au processus de reconstruction et continuer à fournir l'aide humanitaire pour renforcer la ténacité du peuple syrien. Lors d'une rencontre entre le vice-premier ministre et ministre des Affaires étrangères et des Expatriés, Walid al-Mouallem, et le vice-ministre chinois des Affaires étrangères, Chen Xiaodong, la Syrie a invité la Chine à participer au processus de reconstruction, assurant que le gouvernement syrien s'est engagé à fournir toutes facilités aux entreprises chinoises qui s'impliqueront dans les projets de reconstruction en Syrie. Une troisième conférence sur la reconstruction de la Syrie, annoncée par la haute représentante/vice-présidente Federica Mogherini, sera tenue mardi à Bruxelles. Plus de 1 000 participants assisteront à cette conférence, représentants de la société civile de la Syrie et des pays de la région. "Nous avons déjà eu des échanges avec le nouvel Envoyé spécial des Nations unies pour la Syrie ,Geir Pedersen, sur la manière d'utiliser cette conférence non seulement pour garantir un engagement humanitaire que nous voulons maintenir tout en haut de l'agenda international et européen, mais aussi pour définir comment soutenir une transition politique en Syrie et le rôle des Nations unies à cet égard", a annoncé Mme Mogherini. L'objectif général de la conférence est de soutenir le peuple syrien et mobiliser davantage la communauté internationale en vue de trouver une solution politique durable à la crise syrienne, conformément à la résolution 2254 du Conseil de sécurité des Nations unies. "Bruxelles III sera la principale réunion des bailleurs de fonds en faveur de la Syrie et de la région en 2019, elle accordera plus de place que les éditions précédentes aux organisations de la société civile et aux ONG syriennes, régionales et internationales". A l'instar des deux éditions précédentes, Bruxelles III abordera également les problèmes humanitaires et de résilience les plus critiques qui touchent les Syriens et les communautés qui accueillent des réfugiés syriens, tant à l'intérieur du pays que dans la région. Cette conférence réaffirmera le soutien politique et financier de la communauté internationale aux pays voisins de la Syrie, notamment le Liban, la Jordanie et la Turquie, ainsi que l'Iraq et l'Egypte. Environ 400 entreprises étrangères ont entamé la reconstruction de l'infrastructure en Syrie exprimant leur détermination à travailler pour redresser le pays.