Les frappes américaines tuent souvent des civils Un rapport de la Manua fin février avait révélé que l'année 2018 avait été la plus meurtrière jamais enregistrée avec 3.804 civils tués, en grande majorité par les talibans et le groupe Etat islamique (EI). Mais le nombre des victimes des forces progouvernementales augmente. L'ONU a annoncé hier la mort de 13 personnes, dont 10 enfants, au cours d'un bombardement des «forces militaires internationales» dans la nuit de vendredi à samedi en Afghanistan, où les civils continuent de payer un lourd tribut.»La mission exprime sa vive préoccupation quant au fait que, d'après une enquête initiale, dix des personnes tuées étaient des enfants appartenant à la même famille élargie déplacée par des combats ailleurs dans le pays», a observé la Mission des Nations unies en Afghanistan (Manua) dans un communiqué. Outre les forces afghanes, seuls les Américains effectuent des opérations aériennes en Afghanistan. Un porte-parole de la Mission de l'Otan dans ce pays a déclaré qu'une enquête était en cours. Selon la Manua, «l'incident s'est produit dans le quartier de Telawka, près de la ville de Kunduz (nord), au cours d'opérations menées par les forces progouvernementales contre les talibans dans la région». Trois personnes ont également été blessées, d'après l'ONU. «Les personnes tuées étaient membres de familles déplacées qui avaient fui la guerre dans le district de Dashte Archi», au nord-est de la capitale provinciale, «et qui s'étaient récemment installées dans la ville», a dit Khosh Mohammad Nasratyar, un membre du Conseil provincial de Kunduz. Au total, 32.000 civils ont été tués et 60.000 blessés ces dix dernières années dans le conflit en Afghanistan. Un rapport de la Manua fin février avait révélé que l'année 2018 avait été la plus meurtrière jamais enregistrée avec 3.804 civils tués, en grande majorité par les talibans et le groupe Etat islamique (EI). Mais le nombre des victimes des forces progouvernementales augmente également, notamment du fait des frappes aériennes. «C'est la première fois que les opérations aériennes se traduisent par la mort de plus de 500 civils», notait le rapport onusien, attribuant 393 décès à la coalition internationale de l'Otan et 118 à l'armée de l'air afghane. Pour la seule année 2018, «à peu près le même nombre de civils sont morts des suites de bombardements que les années 2014, 2015 et 2016 combinées», avait précisé l'ONU. L'aviation américaine, qui soutient l'armée de l'air afghane, a considérablement intensifié ses frappes en 2018. D'après un document de l'armée américaine, les missiles et les tirs de drones ayant visé les positions ennemies avaient augmenté d'environ 70% par rapport à l'année 2017. Les féroces combats entre forces progouvernementales et talibans n'ont pas baissé en intensité cet hiver contrairement à ce qui se passait souvent les années précédentes, tandis que des pourparlers de paix sont en cours entre Etats-Unis et talibans. Au cours de la dernière session qui s'est achevée le 16 mars à Doha, l'émissaire américain Zalmay Khalilzad a affirmé que «les conditions pour la paix» s'étaient «améliorées», faisant état de «vraies avancées». Il avait notamment évoqué un «accord préliminaire» sur les «garanties» que les talibans doivent fournir sur le plan du terrorisme et sur le «retrait des troupes» américaines, tout en précisant que le calendrier et les mesures détaillées devaient être «finalisés». Dans son communiqué diffusé lundi, la Manua «exhorte les autorités compétentes et les parties impliquées dans la frappe aérienne à mener leurs propres enquêtes sur l'incident et à immédiatement prendre des mesures pour protéger les civils». La province de Kunduz, dont les talibans contrôlent plusieurs districts, a été le théâtre de «bavures» récurrentes ces dernières années. En avril 2018, le bombardement par l'aviation afghane d'une école coranique avait fait 36 morts, dont 30 enfants, et 71 blessés, selon un bilan établi par l'ONU. Le Pentagone estime que ces bombardements n'étaient pas un crime de guerre car ils n'étaient pas intentionnels, mais le fruit d'une «combinaison d'erreurs humaines».