Donald Trump s'est dit dimanche «totalement disculpé» par le procureur spécial Robert Mueller, lequel a conclu à l'absence d'éléments prouvant qu'il se soit entendu avec la Russie à la présidentielle 2016, et levé ainsi une lourde hypothèque sur son avenir politique. De «très bonne humeur», selon l'un de ses porte-paroles s'exprimant à son retour de son luxueux club en Floride, le président américain devait hier et aujourd'hui recevoir à Washington son «meilleur» allié, le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu puis, déjà en campagne pour 2020, reprendre dès jeudi ses meetings. Les conclusions de l'enquête Mueller ont été rendues publiques dimanche par le ministre de la Justice Bill Barr. Et elles procurent une immense bouffée d'oxygène au milliardaire républicain dans la perspective de la prochaine présidentielle où il entend briguer un second mandat de quatre ans.» Dans un courrier de quatre pages, M. Barr a indiqué que les investigations du procureur spécial n'avaient pas démontré que «l'équipe de campagne Trump ou qui que ce soit associé à celle-ci se soit entendu ou coordonné avec la Russie dans ses efforts pour influencer l'élection présidentielle américaine de 2016». Les leaders démocrates du Congrès ont exigé dimanche soir la publication du rapport «complet», estimant que le ministre de la Justice n'était «pas un observateur neutre». «La lettre du ministre de la Justice (Bill) Barr pose autant de questions qu'elle apporte de réponses», ont écrit la présidente démocrate de la Chambre des représentants, Nancy Pelosi, et le chef de file de la minorité au Sénat, Chuck Schumer. «Loin de la 'disculpation complète'' revendiquée par le président, le rapport Mueller n'innocente clairement pas le président», ont de leur côté réagi les démocrates Jerrold Nadler, Adam Schiff et Elijah Cummings, qui dirigent trois puissantes commissions parlementaires du Congrès. Ils ont insisté sur le fait que, sur l'autre question centrale de l'enquête russe, celle d'une éventuelle entrave à la justice de la part du président américain, M. Mueller n'avait pas livré de conclusion définitive. Mais M. Barr, premier destinataire du rapport d'enquête tant attendu, a conclu de son côté que le document, qu'il a passé en revue depuis vendredi, ne mentionnait aucun délit susceptible d'entraîner des poursuites judiciaires sur le fondement de l'entrave à la justice. Robert Mueller a mis un terme à ses investigations à l'issue d'une enquête de 675 jours sur laquelle très peu d'éléments ont fuité mais qui a tenu le pays en haleine, rappelant celle du Watergate qui a poussé Richard Nixon à la démission en août 1974. Image forte: le discret et méthodique ancien patron du FBI s'est rendu dimanche matin à l'église épiscopalienne Saint-John, situé juste en face de la Maison-Blanche. Forts de leur nouvelle majorité à la Chambre, les démocrates ont lancé plusieurs enquêtes parlementaires allant des soupçons de collusion avec Moscou aux paiements pour acheter le silence de maîtresses supposées en passant par d'éventuelles malversations au sein de l'empire Trump. Le chef d'inculpation de «collusion» n'a jamais été retenu pour les 34 personnes mises en cause dans ce dossier, parmi lesquelles six proches collaborateurs de Trump. L'enquête a notamment entraîné la spectaculaire déchéance judiciaire de son ex-chef de campagne, Paul Manafort, ou encore de son ex-avocat personnel, Michael Cohen, tous deux condamnés à la prison pour des malversations diverses et des déclarations mensongères. Pour Pete Buttigieg, jeune maire de la ville de South Bend (Indiana) et candidat aux primaires démocrates pour la présidentielle, le document tant débattu est important mais son camp ne doit pas perdre de vue l'échéance de novembre 2020. «La façon la plus claire de mettre fin au trumpisme est de le battre de manière massive dans les urnes», a-t-il expliqué.