L'ex-avocat de Donald Trump, Michael Cohen, déballera-t-il le linge sale? Menacé par son ancien patron, condamné à de la prison ferme, l'ancien lieutenant repenti témoignera cette semaine au Congrès sur la Russie et les affaires privées du Président. C'est l'attraction politique de la semaine à Washington. A fortiori alors que parallèlement, l'enquête du procureur spécial Robert Mueller sur les liens entre la campagne présidentielle de Donald Trump et la Russie touche à sa fin. Pendant ce temps, le 45e Président américain se trouvera au Viêtnam pour un sommet avec Kim Jong Un. Premier acte, mercredi matin. Les caméras seront braquées sur Michael Cohen, 52 ans, à la Chambre des représentants, récemment repassée sous contrôle démocrate. L'audition sera publique et retransmise en direct par les télévisions, friandes de ces grands moments de l'histoire politique. Chaque élu interrogera Michael Cohen sur sa connaissance intime, pendant des années, des affaires et machinations du milliardaire. Tout devrait y passer: les finances de l'Organisation Trump, les déclarations d'impôts du promoteur, les comptes douteux de sa fondation, le projet de Trump Tower à Moscou en pleine campagne présidentielle... Et bien sûr les 280 000 dollars que Michael Cohen dit avoir versés à deux femmes, Stormy Daniels et Karen McDougal, pour acheter leur silence sur leurs liaisons supposées avec le chef. «Les efforts publics du Président et de son avocat pour intimider M. Cohen et d'autres, et les pousser à ne pas témoigner» sont aussi à l'ordre du jour, a dit le président démocrate de la commission concernée, Elijah Cummings. Second acte, jeudi au Sénat, mais à huis clos cette fois, car le sujet sera encore plus sensible: les contacts entre l'équipe Trump et des Russes durant la campagne de 2016, et une éventuelle collusion pour battre Hillary Clinton dans les urnes. Une collusion démentie continuellement par le vainqueur de l'élection, qui dit faire l'objet d'une «chasse aux sorcières». Ces auditions avaient été reportées plusieurs fois, au motif extraordinaire que Michael Cohen avait dit avoir reçu des «menaces» contre sa famille. L'ancien fidèle était autrefois prêt à tout pour protéger son patron. Mais, rattrapé par la justice, le «pitbull» s'est repenti et a regretté publiquement d'avoir couvert les «sales coups» et les «crimes» de M. Trump. Il a plaidé coupable l'an dernier de chefs d'accusation n'ayant rien à voir avec la Russie. Il a été condamné en décembre à trois ans de prison pour fraude fiscale et infraction au code électoral, et sera incarcéré le 6 mai. Michael Cohen a cédé à la pression judiciaire sur ces délits annexes et accepté de coopérer avec l'équipe Mueller sur ce qui l'intéresse réellement : l'affaire russe. Et c'est ce qui agite Donald Trump, à en croire le nombre de tweets injurieux visant son ancien lieutenant. «Je ne pense pas du tout que le Président s'inquiète à propos de Michael Cohen», a dit la porte-parole de la Maison Blanche, Sarah Sanders, sur la chaîne de télévision Fox vendredi. Quant au rapport d'enquête Mueller, sa finalisation est très attendue à Washington. Des médias ont rapporté qu'elle était imminente. Reste à savoir ce qu'en fera le ministère de la Justice, qui a la tutelle sur l'enquête de Robert Mueller. Donald Trump a affirmé le 20 février qu'il appartiendrait à son ministre de la Justice, Bill Barr, de décider de rendre le rapport public ou non. Des démocrates craignent qu'il ne soit censuré, expurgé ou «désinfecté». En ce cas, a prévenu Adam Schiff, président de la commission du Renseignement de la Chambre, les démocrates sont prêts à utiliser les pouvoirs du Congrès pour convoquer Robert Mueller au même endroit, devant une commission, pour témoigner lui-même. Ce qui serait certainement un grand moment de télévision.