Le président américain, aidé par plusieurs élus républicains et une partie du monde conservateur, tente de déplacer l'affaire du terrain judiciaire au terrain politique. Il a allumé des contre-feux visant les démocrates et Hillary Clinton. Adversaires et alliés du président américain Donald Trump attendaient hier avec fébrilité la confirmation officielle de la première inculpation dans l'affaire russe par le procureur spécial Robert Mueller, dont on ignore encore quelles sont les cibles. Le président républicain, dans une série de tweets, a une nouvelle fois dénoncé une «chasse aux sorcières» et réfuté la moindre «collusion» avec la Russie durant la campagne présidentielle de l'an dernier.»Toutes ces histoires russes'' juste quand les Républicains s'attaquent à une baisse et réforme historiques des impôts. Est-ce une coïncidence? Non!» a-t-il tweeté. La chaîne CNN, confirmée ensuite par d'autres médias, a révélé que l'équipe de Robert Mueller avait inculpé au moins une personne vendredi et pourrait procéder à une interpellation dès aujourd'hui. Depuis, aucun responsable n'a confirmé ou infirmé l'information et l'on ignorait si cette personne était proche ou non de Donald Trump. L'équipe Mueller restant muette, le ou les chefs d'inculpation restent également mystérieux. L'élu démocrate Adam Schiff, membre de la commission du Renseignement de la Chambre des représentants, a dit qu'il n'en avait pas été informé, mais cité deux noms qui reviennent souvent dans la presse: l'ancien directeur de campagne Paul Manafort et l'éphémère conseiller à la sécurité nationale Michael Flynn, tous deux ayant eu des activités de lobbying non déclarées auprès de pays étrangers, dont la Russie. Le président Trump fait-il l'objet d'une enquête lui-même? «Je ne peux répondre d'une façon ou d'une autre», a déclaré Adam Schiff. L'allié du dirigeant, le gouverneur républicain du New Jersey Chris Christie, a quant à lui déclaré, sur CBS, que «le président ne fait pas l'objet d'une enquête». «Personne ne lui a dit qu'il l'était». Il pourrait se référer aux déclarations de l'ancien directeur du FBI, James Comey qui a affirmé au Sénat qu'à son limogeage par le président, en mai, Donald Trump n'était pas visé par l'enquête. M. Mueller, lui-même ancien patron du FBI, n'a jamais dit sur qui il enquêtait. La ou les inculpations d'aujourd'hui marqueront le franchissement d'une nouvelle étape de l'enquête de Robert Mueller, nommé en mai dernier pour reprendre en main l'enquête sur les ingérences russes dans la campagne de 2016 et établir l'existence ou non d'une collusion avec l'équipe du candidat républicain. Ces investigations sont distinctes de celles menées par plusieurs commissions du Congrès. Le dirigeant américain, aidé par plusieurs élus républicains et une partie du monde conservateur, tente de déplacer l'affaire du terrain judiciaire au terrain politique. Il a allumé des contre-feux visant les démocrates et Hillary Clinton, accusée elle-même de collusion avec la Russie lors de la vente de la société canadienne Uranium One, détenant des mines américaines, au groupe public russe Rosatom en 2010. La révélation que le camp Clinton et le parti démocrate avaient financé une enquête privée sur Donald Trump et compilée dans un «dossier» sulfureux, a également fait couler beaucoup d'encre dans le camp conservateur. «Jamais vu autant de colère et d'unité républicaine concernant l'absence d'enquête sur le faux dossier fabriqué par Clinton (...), sur la vente d'uranium à la Russie, sur les 33 000 emails supprimés, sur l'affaire Comey et tant d'autres choses...», a écrit Donald Trump sur Twitter, énumérant les diverses «affaires» Clinton. D'autres estiment que la fuite d'informations à CNN vendredi sur l'imminence d'une inculpation est un scandale en soi et mérite des poursuites. Et quelques républicains, pour l'instant isolés, ont même appelé à la démission de Robert Mueller, accusé d'être trop proche de James Comey. Cette accélération des investigations intervient à l'approche du premier anniversaire de l'élection de Donald Trump le 8 novembre 2016. Le successeur de Barack Obama vante la bonne santé économique des Etats-Unis, avec une croissance de 3% au 3e trimestre. Mais sa popularité reste en berne, comme le confirme un nouveau sondage publié hier par NBC et le Wall Street Journal. Marquant un point bas absolu depuis son entrée en fonctions en janvier, 38% des Américains approuvent l'action du 45e président des Etats-Unis, contre 58% d'opinions négatives.