«J'aime ce pays qui est le mien et c'est toujours avec enthousiasme et amour que j'y reviens». Liliane Raspail fait partie de ces pieds-noirs au coeur blanc. Un coeur pur qui lui sert à aimer son pays natal, l'Algérie. Du haut de ses 70 ans, elle continue à l'aimer avec persévérance ; avec autant de force lorsqu'elle a embrassé la guerre de Libération nationale, en 1958. Cet amour, elle ne se contente pas de le raconter oralement, mais elle l'écrit, elle l'explique, elle l'étale sur des feuilles...en papier. Et c'est de ce sentiment-là que se nourrissent ses deux romans autobiographiques, Fille de Chemora et La chaouia d'Auvergne, parus aux éditions Casbah, respectivement en 2005 et 2001. «A chacun de mes départs vers le pays de mes grands-parents, la France, je ressens comme une empathie qui me resserre la gorge. J'aime ce pays, qui est le mien et c'est toujours avec enthousiasme et amour que j'y reviens», a-t-elle indiqué avant-hier lors de la conférence qu'elle animée à la librairie Chihab, sise à Bab El Oued. Elle se souvient du jour où elle quitta l'Algérie. «C'était en 1994. La terreur battait son plein, on m'a demandé alors de quitter mon pays natal, faute de quoi je perdrai mes droits. Et c'est avec tristesse que je suis partie», se souvient-elle. Aujourd'hui, alors que la paix et la stabilité ont repris leurs droits de cité, elle y revient pour continuer à profiter de la beauté de son soleil. Attendez, ce n'est pas seulement ça. Pour Liliane, l'Algérie transcende toutes les considérations. Ce pays est son messie, sa «vérité», son «salut», particulièrement dans les moments difficiles comme lors du décès de sa fille, puis quelques années plus tard, de celle de son fils. Aussi, elle espère porter ses deux romans à l'écran. Elle a profité donc de l'occasion de la conférence qu'elle a animée à Chihab pour lancer un appel à tous les producteurs intéressés par ce projet. Concernant son dernier roman, Fille de Chemora, qui fait suite au premier, La Chaouia d'Auvergne, il est, comme on vient de souligner en haut, une oeuvre biographique relatant une histoire d'amour entre un Algérien et une Française qui s'est passée durant la période coloniale dans les Aurès. «Les histoires racontées sont vraies. Je me suis appropriée l'histoire de ma mère que j'ai écrite avec une certaine dose d'émotion», a par ailleurs confié l'écrivaine pour qui Fille de Chemora est aussi son histoire d'amour et celle de sa mère pour l'Algérie. «Chaque amour correspond à une époque de l'histoire, chaque amour obligeant celle qui l'éprouve à le traduire avec son propre tempérament dans le contexte qui est le sien», est-il par ailleurs écrit dans la note de présentation de cet ouvrage dans lequel Sylviane Rescot «prend le relais de Jeanne Chaneboux, sa mère, perpétuant ainsi un attachement à cette terre algérienne, né en plein coeur des Aurès, en 1919». Liliane Raspail, dont le premier livre La Chaouia d'Auvergne, est paru en 2001 aux éditions Casbah, est née à Chemora, à 50 kilomètres de Batna, qu'elle quittera à l'âge de douze ans, pour l'Auvergne, suite au divorce de ses parents. Revenue en Algérie en 1958, elle fait le « choix irrévocable » de l'Algérie et épouse la cause algérienne.