Depuis la déclaration faite publiquement mardi 26 mars à Ouargla, lors d'une visite de travail et d'inspection dans la 4ème Région Militaire, par le général de corps d'Armée, Ahmed Gaïd Salah, vice-ministre de la Défense nationale, chef d'Etat-major de l'Armée nationale populaire (ANP), l'article 102 de la Constitution, est au centre des discussions aussi bien parmi les manifestants des vendredis dans les grandes villes que dans la partie de la population qui ne participe ni aux marches ni aux rassemblements. Des partis politiques et des organisations diverses se sont également prononcés sur la proposition de l'ANP d'aller vers l'application de l'article 102. Il résulte schématiquement des premiers échos de toutes les opinions exprimées, deux positions extrêmes, l'une «contre l'article 102» et l'autre «pour l'article 102», et une troisième position qui pourrait être consensuelle et qui se résume à dire: «L'article 102… mais» ou, dans une autre forme, «l'article 102 ne suffit pas». L'acceptation de la proposition de l'ANP pour l'application de l'article 102 comme issue à la crise politique actuelle, est assortie de l'exigence de la réunion des conditions qui garantiront que tout se passera dans la transparence conformément à la revendication populaire du changement. Les nombreux partisans de cette option, «article 102 + garanties», disent faire ce choix parce qu'ils le préfèrent à l'alternative qui est l'article 107 de la Constitution, relatif à l'état d'exception. Ils estiment que la situation actuelle est caractérisée par trois facteurs, qui poussent à l'impasse si le bon sens et la raison n'arrivent pas à l'emporter : un système rejeté, une opposition décriée et une foule disparate dans les rues des grandes villes avec des slogans qui vont dans tous les sens, et c'est tant mieux, d'ailleurs, pour l'exercice de la démocratie. Heureusement, tous ces protagonistes sont d'accord sur un point fondamental : maintenir le mouvement populaire dans son caractère pacifique et isoler les éventuels «infiltrés» et autres «casseurs». Un autre point d'accord non moins fondamental est celui qui concerne le rôle de l'institution militaire sollicitée par le mouvement populaire et par des partis d'opposition pour accompagner la sortie de crise. Ce consensus autour de ces deux points – aspect pacifique du mouvement populaire et sollicitation de l'ANP pour accompagner la sortie de crise - découle du sens de l'intérêt national qui est placé au-dessus de tout par les protagonistes de la crise. C'est ce qui permet le débat en toute sérénité autour de la proposition faite par l'ANP d'aller vers l'application de l'article 102. D'autant que le prestige de l'armée est intact auprès de la masse des jeunes qui constitue la plus grande partie des manifestants et auprès aussi de la population plus globalement qui fait confiance à l'institution militaire pour accompagner la solution de sortie de crise basée sur l'application de l'article 102 de la Constitution. Au cours de ces manifestations populaires pacifiques, tout le monde a noté la forêt de drapeaux qui ont été portés par les participants, hommes et femmes, de tous âges, qui ont entonné à plusieurs reprises l'hymne national, Kassamen, et le chant des Moudjahidine, Min Djibalina, tout en hissant pour beaucoup d'entre eux les portraits de chouhadas de la Guerre de libération nationale, qui étaient membres de l'ALN dont l'ANP est la digne héritière. Autant d'atouts qui prouvent que l'accompagnement de l'armée à la solution de sortie de la crise, est entouré des garanties de réussite.