Les paris restent ouverts. Rebondissements à l'APW de Tizi Ouzou. L'élection du président a demandé finalement, tard dans la soirée, un second tour. M.Rabah Aïssat, élu FFS, porté à la présidence de l'APW avec seulement 20 voix sur 47, proclamé un peu trop hâtivement élu par l'administration, en méconnaissance de l'article 25 du code de l'APW, devra finalement retourner devant l'urne en compagnie des candidats des autres formations en lice, FLN, RND, PT et RCD. Aujourd'hui, les élus auront donc à tenir un second tour pour essayer d'élire à une majorité confortable le président de l'APW. D'ores et déjà, les paris restent ouverts. Approchés, les responsables des formations en lice disent «regretter cette erreur de l'administration». Ainsi, pour M.Mokadem, le responsable du bureau de wilaya du RND: «C'est regrettable mais il y a eu erreur de la part de l'administration, et les élus seront ainsi obligés de recourir à un deuxième tour. Il y a aussi le fait que les torts sont partagés. Les élus ont, eux aussi, quitté les lieux immédiatement après le premier tour. Il y a aussi le document portant code de wilaya qui n'est pas mis entre les mains de tous. Bref, il y a eu erreur et les élus devront repasser devant l'urne. Quant au RND, nous maintiendrons notre premier choix et espérons que tout sera fait pour que la situation ne soit pas sujette à blocage.» Le responsable de wilaya du PT, quant à lui, «trouve normal de refaire un second tour car il y a eu omission de l'article 25 du code de l'APW. Nous trouvons donc tout à fait normal de procéder à un second tour. Ce qui est dommage, c'est que les élus se soient empressés de quitter les lieux car c'est le deuxième tour. La wilaya a besoin que ses élus se mettent au travail car il y a tant à faire». Parlant au nom de la commission de wilaya du FLN, M.Saïd Lakhdari, chargé de communication, revient, lui aussi, sur «cette élection qui s'est terminée en queue de poisson», puis d'ajouter: «Ce qui s'est passé hier est regrettable à plus d'un titre, mais l'on doit dire que ce genre d'erreur arrive de temps à autre et ne pas s'arrêter à cela pour aller de l'avant. Tant que l'omission est réparable, on ne dit rien et l'on doit désormais se fixer sur le deuxième tour.» Selon M.Lakhdari, «les choses risquent fort d'évoluer et, d'ores et déjà, des tractations se font entre tous les élus. Il faudra donc attendre demain pour en connaître l'issue». M.Boussaâd Boudiaf, le responsable de wilaya du RCD, dira pour sa part que «le groupe d'élus s'est réuni hier soir. Tous les cas de figure seront passés en revue et alors, une décision sera prise à la lumière de l'évolution de la situation. Les élus se détermineront en conséquence». Enfin, le principal concerné, le parti du FFS, qui a vu son candidat accéder, dimanche dernier, à la présidence après avoir récolté 20 voix (15 du FFS et 5 du PT), a rendu publique une déclaration dans laquelle il s'en prend directement au wali qu'il accuse «de manipulation et d'une machination pour dévaloriser davantage le politique». Le FFS ajoute sur le même ton acerbe, et après avoir traité «l'incident de la séance de dimanche comme étant un acte prémédité, et que surtout l'administration s'est donnée en spectacle digne de républiques bananières». Aussi, le FFS affirme «refuser la logique de l'octroi» et revient sur le fait que le parti milite pour une représentation politique et sociale avec le respect de l'éthique politique. Le FFS a également tenu à rassurer ses partenaires de sa fidélité aux principes démocratiques en rejetant catégoriquement le fait accompli, même si ce fait est en sa faveur en refusant la présidence de l'APW et en acceptant de revenir à un second tour où les élus des cinq formations en lice seront présents, et la déclaration du FFS de rappeler au wali «plus de lucidité, de maîtrise des textes et d'esprit de responsabilité». En attendant, toutes les formations sont entrées en conclave et les «négociations entre élus se mènent de façon très poussée».