Tous les dossiers de corruption sur la table Des poursuites judiciaires contre toute la bande impliquée dans les affaires de détournement, de dilapidation et d'abus de pouvoir pour s'enrichir illégalement seront ouvertes ainsi que tous les dossiers précédents tels El Khalifa, Sonatrach et El Boucher. Les choses sont dites et chacun assumera ses responsabilités devant l'Histoire. Ahmed Gaïd Salah, le général de corps d'armée qui a clairement pris position hier pour l'application intégrale de l'article 102 et donc le maintien de Abdelkader Bensalah, Bedoui et Belaïz, les «3B» rejetés par le peuple qui, lui, continue, faut-il le préciser, à manifester dans les différentes régions du pays. A côté de cette importante prise de position, le vice-ministre de la Défense a fait une autre annonce d'une égale importance. En soulignant que «la justice qui a recouvert ses pleines prérogatives, est désormais en mesure d'entamer des poursuites judiciaires contre toute la bande impliquée dans les affaires de détournement et de dilapidation des fonds publics et d'abus de pouvoir pour s'enrichir illégalement», le général Gaïd Salah tente de rassurer le peuple sur son engagement à répondre à l'une de ses revendications principales à savoir juger tous ceux qui ont dilapidé les richesses de leur pays. «Klitou el blad ya Sarakin (vous avez dévoré le pays, ôh voleurs!)» est l'un des slogans récurrents, chanté par les manifestants, chaque vendredi, depuis le 22 février dernier. Gaïd «répond» donc à cette revendication en annonçant l'enclenchement des enquêtes, mais pas seulement. Il annonce la reprise d'anciens dossiers de la justice dont le traitement n'a concerné qu'un seul volet parmi tant d'autres. «A cet effet, nous rassurons l'opinion publique que la question s'étendra à tous les dossiers précédents, comme l'affaire d'El Khalifa, de Sonatrach et du Boucher et autres dossiers relatifs à la corruption qui ont occasionné des pertes considérables au Trésor public» a assuré le vice-ministre non sans rappeler qu'il n'a aucune autre ambition «que de servir le pays et de veiller à sa sécurité et sa stabilité». A quoi il faut s'attendre donc? Déjà à voir passer devant les tribunaux certains visages très médiatiques de l'oligarchie à l'exemple de Ali Haddad, l'ex-patron du FCE, qui a déjà été placé sous mandat de dépôt ou peut-être encore Tahkout dont le neveu a été arrêté, il y a quarante-huit heures, à la frontière algéro-tunisienne. Au moins cinq hommes d'affaires dont les noms n'ont pas été révélés ont été entendus par les enquêteurs de la gendarmerie, selon une information rapportée par une chaîne de télévision. Ces derniers et d'autres composent une liste comportant au moins 21 noms. Ces personnes sont soumises depuis le début du mois en cours à une Istn (interdictions de sortie du territoire national) et leurs avions privés (pour ceux qui en possèdent) sont interdits de décoller. Il faudra s'attendre ensuite à voir beaucoup de têtes tomber si réellement la justice reprenait dans sa globalité l'affaire Khalifa, celle de Sonatrach ou encore de l'autoroute Est-Ouest. Et pourquoi pas aussi l'affaire de la Générale des concessions agricoles et bien d'autres. Bien des noms de hauts responsables cités à l'époque des procès ont été tout bonnement écartés du dossier par le juge sous le prétexte qu'il était muselé par l'arrêt de renvoi de l'affaire. Ces personnes seront-elles réellement appelées devant un juge? Certes, pour calmer un peuple en colère, il faut lui présenter des coupables mais serait-ce tous les coupables? Qui vivra verra, dit l'adage et le peuple ne peut qu'espérer que «l'histoire témoignera de la sincérité de nos propos et de nos actes et que nous n'avons aucune autre ambition que de servir notre pays et de veiller à sa sécurité et sa stabilité» comme le dit si bien le général Ahmed Gaïd Salah.