Les travailleurs relevant de différents secteurs d'activités, affiliés ou pas d'ailleurs à un syndicat en particulier, ont ainsi pris part à une marche, laquelle a été suivie d'un rassemblement au niveau de la Grande Poste d'Alger. La contestation monte d'un cran. Les fonctionnaires protestent toujours et durcissent le ton. Ils ont répondu en masse hier à l'appel de la Confédération des syndicats algériens (CSA). Les travailleurs relevant de différents secteurs d'activités affiliés ou pas d'ailleurs à un syndicat en particulier, ont ainsi pris part à une marche, laquelle a été suivie d'un rassemblement au niveau de la Grande Poste d'Alger. A leurs côtés, les étudiants ont eux aussi rejoint la foule vers les coups de 11 h du matin. D'autres citoyens affluaient au fur et à mesure des minutes sur les lieux. C'est à cette fameuse placette devenue l'endroit privilégié des protestataires depuis le début de la contestation que ces derniers, armés de leurs banderoles et de leurs slogans les plus «recherchés» dénoncent la désignation officielle de Abdelkader Bensalah à la tète de l'Etat. A l'unanimité, les manifestants disent rejeter fermement cette décision, que bon nombre d'entre eux qualifient de «parodique». Bensalah a donc, sans grand étonnement, été le plus ciblé par le courroux des manifestants. «Mettre cette personne à la tête du gouvernement signifie qu'au final le peuple n'a pas son mot à dire», déplore un syndicaliste qui était sur place. Pour d'autres de ses homologues, procéder de cette façon là est «voulu, et ce, dans le but d'attiser la colère des citoyens et de conduire au pourrissement». Les différents syndicalistes ont par ailleurs appelé au respect des droits syndicaux qui son bafoués depuis des années». Ils insistent, «le travailleur doit absolument recouvrir ses droits». D'autre part, les revendications portées hier par les personnes présentes sur place sont on ne peut plus explicites et sans appel; «Nous voulons qu'ils partent tous» scandait la foule qui grossissait peu à peu. Sur leurs pancartes, on pouvait lire «ni Bensalah ni Bedoui ni Belaiz...». Les manifestants criaient encore non à Bensalah, pendant que d'autres revendiquaient la légitimité du peuple à choisir lui-même les figures du gouvernement, «période transitoire ou non». Abdelkader Bensalah est perçu lui aussi comme un homme «du sérail», il doit s'en aller «au même titre que les autres», ont fait comprendre les contestataires. Il faut souligner que la colère des uns et des autres était très perceptible. L'irritation des citoyens se fait ressentir de plus en plus au fil des jours. «L'entêtement du gouvernement de maintenir le même régime», devient «pénible», comme l'ont laissé entendre certains. En ce qui concerne le déroulement du rassemblement, le mot d'ordre reste toujours «pacifisme». Bien qu'un impressionnant dispositif de police ait été mis place, notamment au niveau des artères principales d'Alger-Centre, il n'y a pas eu de confrontation directe. D'ailleurs, vers les coups de midi, les forces de sécurité se sont même retirées, face à la détermination des manifestants. Les éléments de la police, sans se mêler directement à la foule, ont bouclé les périmètres aux abords de la Grande Poste et se sont contentés de superviser le sit-in de loin. En conclusion, le rassemblement d'hier est un nouveau coup de force de l'élite du peuple, pour rejeter de façon claire et nette toute décision à laquelle n'a pas dit «oui» la majorité écrasante des citoyens qui se préparent déjà à une nouvelle démonstration, vendredi prochain...