Après les paroles, les actes. C'est ce qu'attend Ahmed Gaïd Salah des hommes de loi. Mais de façon rapide. Le général de corps d'armée qui ne peut, dans la limite de ses missions constitutionnelles, instruire la justice pour ouvrir les dossiers de corruption, invite cependant et pour la seconde fois, en moins de deux semaines, les représentants de la loi à agir et rapidement pour mettre un terme à la dilapidation à grande échelle des biens du pays. Il veut donner l'exemple et rassurer le peuple que ses revendications ont été entendues. «(...) comme j'ai souligné lors d'occasions précédentes la nécessité pour la justice de poursuivre les individus impliqués dans des affaires de corruption, nous attendons à ce que les instances judiciaires concernées accélèrent la cadence du traitement des différents dossiers concernant certaines personnes ayant bénéficié indûment de crédits estimés à des milliers de milliards, causant un préjudice au Trésor public et dilapidant l'argent du peuple» a encore une fois répété le chef d'état-major. En parlant de «milliers de milliards», Ahmed Gaïd Salah ne s'engage sûrement pas sur ce terrain sans avoir eu des informations fiables sur l'ampleur de la corruption en Algérie. Dans son message du 2 avril dernier, il avait même confirmé l'existence d'une bande qui a accaparé des richesses du peuple algérien. L'allusion au frère du président, Saïd Bouteflika et à l'oligarchie virevoltant autour de lui, était évidente. Il avait alors clairement confirmé les «vastes opérations de pillage et de dilapidation (...)» par une «poignée de personnes (...) en toute impunité, profitant de leur accointance avec certains centres de décision douteux, et qui tentent ces derniers jours de faire fuir ces capitaux volés et s'enfuir vers l'étranger». Ahmed Gaïd Salah avait assuré que des mesures ont été prises, à savoir interdiction de sortie du territoire national, interdiction de vol des jets privés et ouverture d'enquêtes. Juste après ce discours, faut-il le rappeler, l'ex-patron du FCE a été arrêté au poste frontalier d'Oum El Tboul et incarcéré à la prison d'El Harrach. Cinq autres hommes d'affaires sont actuellement entendus dans le cadre de grands scandales de corruption juste après l'assurance donnée par le général ce corps d'armée à la justice en disant «la justice qui a recouvert ses pleines prérogatives, est désormais en mesure d'entamer des poursuites judiciaires contre toute la bande impliquée dans les affaires de détournement et de dilapidation des fonds publics et d'abus de pouvoir pour s'enrichir illégalement (...) A cet effet, nous rassurons l'opinion publique que la question s'étendra à tous les dossiers précédents, comme l'affaire d'El Khalifa, de Sonatrach et du Boucher et autres dossiers relatifs à la corruption qui ont occasionné des pertes considérables au Trésor public».