Une réponse à ceux qui veulent la négation de l'identité amazighe Pacifique, calme, revendicative et colorée, la célébration du double anniversaire du printemps noir et amazigh a drainé une foule des grands jours, venue rendre hommage à toutes les vicitmes et réaffirmer son appartenance à part entière à une Algérie nouvelle. Des milliers de personnes, jeunes et moins jeunes, femmes et enfants ont pris part, hier, à la marche de commémoration du double anniversaire du printemps amazigh de 80 et du printemps noir de 2001 rendant un vibrant hommage aux différentes victimes de la répression du pouvoir de l'époque, exigeant par la même occasion «la traduction des assassins et de leurs commanditaires devant la justice». Vers onze heures, la procession humaine, drapée de l'emblème national et identitaires s'est ébranlée de l'esplanade de la Maison de la culture Taous Amrouche pleine à craquer vers la place Saïd Mekbel. Au premier carré on note un gigantesque drapeau amazigh porté par une dizaine de marcheurs. Suivent derrière d'autres carrées scandant «Ulac Smah Ulac», «pouvoir assassin», allusion à la nécessité de juger les assassins des martyrs du printemps noir. «Corrigez l'histoire l'Algérie n'est pas arabe», un autre slogan rappelant l'origine de l'Afrique du Nord dont fait partie l'Algérie. «Nous les Amazighs avons marre de la hogra, les deux printemps réprimés sont toujours dans les coeurs», «Il y en a marre de ce pouvoir». L'Algérie libre et démocratique». Près de 300 mètres plus loin, la procession marque un arrêt et observe une minute de silence à la mémoire des 126 martyrs du printemps noir et toutes les victimes de la répression qui a longtemps touché la région de la Kabylie. Hier, les marcheurs ont brandi des banderoles noires comme pour dire que le deuil est toujours là dans les mémoires et les coeurs. Les participants pensaient à avril 1980, le cri de révolte des Amazighs face à une dictature militaire héritée du régime de Boumediene, qui alla provoquer une réaction violente avec au bout, des arrestations et emprisonnement. On pensait aussi à avril 2001, lorsque le pouvoir en place permettait l'usage des balles réelles contre les manifestants qui revendiquaient leur identité et un Etat de droit. Il y eut 126 morts et 5000 blessés et une centaine de handicapés à vie. Ces marcheurs qui prennent part aussi à la révolte du 22 février, inscrivent, avril 2019 dans le processus de lutte et de combat pour un Etat de droit. Pour eux, la revendication identitaire est incluse car l'Algérien a compris avant d'être un arabophone, il est Kabyle, Chaoui, Mozabite et targui, Bref, un Amazigh tout court. Un riche mélange qui peut propulser l'Algérie vers le rang des grandes nations tolérantes, ouvertes, démocratiques et sociales. «Nous n'oublierons jamais nos morts, paix à leurs âmes», scandent encore les manifestants qui montrent d'un doigt accusateur les responsables de l'époque, Bouteflika, qui était président, Benflis, chef du gouvernement, Zerhouni, ministre de l'Intérieur, Toufik, Boustila et Lamari. Des noms qui ont marqué douloureusement la région de la Kabylie. Après plusieurs arrêts et minute de silence à la mémoire des victimes du combat identitaire et démocratique, la procession humaine parvient à la place de la Liberté Saïd Mekbel. Encore une minute de silence qui marque cette manifestation commémorative, mais qui se veut aussi une réponse à ceux qui veulent la négation de l'identité amazighe.