La nouvelle loi sur l'orientation agricole viendra couper l'herbe sous le pied de toute personne à l'origine d'un détournement. L'annonce a été faite hier sur les ondes de la radio Chaîne III par le ministre de l'Agriculture et du Développement rural Saïd Barkat, invité, hier à l'émission «questions de l'heure», a reconnu que des milliers d'hectares de terres agricoles ont été détournés. Il n'avance pas un chiffre précis, préférant parler seulement de terres détournées de leur vocation agricole. Devant l'insistance des journalistes sur la question, Said Barkat parlait alors de quelque 120.000 à 130.000 hectares détournés de leur vocation agricole. Sur sa lancée, il n'a pas manqué de citer également l'existence actuellement de quelque 150.000 hectares de terres propres au privé. L'invité de la chaîne III invite à dépassionner le débat sur le foncier agricole, une question au centre de la controverse depuis quelque temps avant de susciter une polémique des plus vives sur le sort des terres détournées. La réputation de son secteur qui commence, selon toute vraisemblance, à sortir la tête de l'eau, n'est pas égratignée à la suite de cette controverse, pense-t-il. Et de préciser sur un ton ferme que la terre demeure la propriété de l'Etat et que la loi, en préparation, sur l'orientation agricole viendra couper l'herbe sous le pied de toute personne à l'origine d'un détournement quelconque, avertit Saïd Barkat. «Il est vrai que nos villes doivent s'étendre, mais pas au détriment de l'agriculture», explique le ministre de l'Agriculture, tentant de dépassionner le débat sur cette question. Il ira encore plus loin, comme pour avertir les auteurs des détournements, l'orateur affirme qu'une enquête est en cours et la loi sera très sévère à l'encontre des personnes à l'origine de détournement, d'une manière ou d'une autre, des terres agricoles. Saïd Barkat dira que la nouvelle loi sur l'orientation agricole est venue prendre le secteur dans sa globalité et protéger ainsi les terres agricoles, y compris celles appartenant au privé. C'est, en quelque sorte, explique le ministre, une loi-cadre qui sera, une fois confectionnée, discutée à la chambre basse du Parlement. Le ministre parle de quelque 8,6 millions d'hectares de terres mises en valeur, mais surtout de 3 autres millions récupérés dans le cadre de la lutte contre la désertification. Par ailleurs, 2,5 millions d'hectares ont été récupérés cette année pour être utilisés comme pâturages. Effleurant la question relative à la situation de l'agriculture après la mise sur rails du Pnda (Plan national de développement agricole), Saïd Barkat parle d'une progression importante en matière d'adhésion, de production et financement. Alors que la production nationale est estimée à 624 milliards de dinars, l'adhésion au Pnda est évaluée à quelque 339 500 adhérents, créant ainsi entre 2000 et 2005 environ 923.000 emplois. En termes de production, grâce à ce plan, disait M.Barkat, l'Algérie a enregistré une surproduction concernant un bon nombre de produits. Il a mis en relief l'excédent recensé dans la production de la pomme de terre une surproduction de l'ordre de 400.000 à 500.000 tonnes. Concernant les céréales, l'invité de la Chaîne III estime que 50% des besoins sont couverts par la production locale qui est passée à 45 millions de quintaux en 2004 alors qu'elle était uniquement à hauteur de 14 millions. S'agissant du lait, Saïd Barkat annonça une production nationale actuelle à hauteur de 2 milliards de litres. Le ministre table sur une évolution de 1 milliard pour l'année 2006, alors que les besoins sont de l'ordre de 3 milliards de litres, ce qui veut dire que la demande locale sera totalement couverte d'ici la fin 2006. Sur la question liée à l'adhésion de l'Algérie à l'OMC, l'ouverture du marché et l'accord d'association avec l'UE, Saïd Barkat se déclare à l'aise et parle de quelque 100 produits agricoles algériens qui peuvent entrer dans le marché européen. Quant au financement de l'investissement, M. Barkat dira que la Badr assumera la tâche, tandis que la Cnma (Caisse nationale de mutualité agricole) est filialisée pour s'occuper d'autres missions.