Quelque 110 000 exploitations agricoles ont été contrôlées dernièrement par des brigades spécialisées, a annoncé hier le ministre de l'Agriculture et du Développement rural, Saïd Barkat, lors de son passage à l'émission de la radio Chaîne III, « Questions de l'heure ». Ces brigades ont effectué des descentes inopinées et ont permis de débusquer « quelques brebis galeuses », selon les propres termes du ministre. Celui-ci a voulu signifier que l'Etat exerce un contrôle rigoureux sur la destination des deniers publics consacrés au soutien à l'investissement agricole. Dans le même sillage, l'invité de la Chaîne III a indiqué que le nombre d'exploitations qui ont « adhéré » au Plan national de développement agricole (PNDA) a atteint les 339 500. M. Barkat a tenu à préciser que les exploitations agricoles individuelles ou collectives qui relèvent du domaine privé de l'Etat, où des infractions à la réglementation ont été constatées, n'ont pas bénéficié du soutien de l'Etat. Sur la question du foncier agricole, le ministre a confirmé que le mode de gestion des terres étatiques se fera selon la formule de concession, sans toutefois donner de date concernant l'entrée en vigueur de ces nouvelles dispositions. « La loi est prête », a-t-il dit, tout en plaidant pour que le débat sur ce sujet soit « dépassionné ». Les terres concernées ne représentent que 30% de la surface agricole utile totale évaluée à 8,5 millions d'hectares, a-t-il ajouté. S'agissant de l'urbanisation des terres agricoles, M. Barkat a révélé qu'entre 120 000 et 130 000 ha ont été détournés de leur vocation agricole depuis 1962. Seuls 1500 ont été utilisés par des privés, a-t-il souligné, le reste ayant été dégagé pour la réalisation de projets d'utilité publique. Pour ce qui est de l'impact de l'accord d'association avec l'Union européenne sur le secteur agricole, le ministre a relevé que son département « est à l'aise » de ce point de vue. « Le PNDA s'est basé sur une analyse qui tient compte de l'environnement international », a-t-il affirmé. « Plus de 100 produits agricoles algériens peuvent entrer dans le marché européen à 0% de droit de douane », a-t-il assuré. Il en est de même pour la prochaine adhésion de l'Algérie à l'Organisation mondiale du commerce. Les mesures de soutien sont au diapason des exigences de cette institution, a indiqué encore M. Barkat. « L'Algérie, après avoir géré la pénurie, est en train de gérer l'abondance », a déclaré, non sans fierté, le ministre. Ce dernier reconnaît que la gestion de cette abondance enregistre quelques dysfonctionnements. « La machine économique a été surprise », a-t-il argumenté. Pour lui, la solution réside dans l'exportation et la transformation. Aussi a-t-il « appelé les opérateurs économiques à ne pas investir dans les minoteries mais dans la transformation de produits agricoles » qui peut être « une aubaine » pour eux. M. Barkat a communiqué à cette occasion les résultats de son secteur depuis la mise en œuvre du PNDA en juillet 2000. Selon lui, ce programme a permis d'arriver à une croissance soutenue de 8% en moyenne, pour 511 milliards de dinars de valeur ajoutée et une contribution au PIB de l'ordre de 9,7%. La valeur de la production a été évaluée à 624 milliards de dinars, soit presque 8 milliards de dinars. Enfin, près de 923 000 emplois ont été créés depuis 2000.