L'ex-chef du gouvernement «Le système de gouvernance qui a conduit le pays à cette situation ne peut organiser une élection présidentielle.» Son nom ayant été cité comme personnalité susceptible de faire consensus auprès du mouvement populaire, de mener une période de transition, Ahmed Benbitour s'est exprimé hier, sur les éventuelles solutions de sortie de crise; il considère que «sans programme ni leaders pour le guider, le mouvement populaire n'ira pas loin». Revenant sur le bras de fer opposant le Hirak au système, Benbitour a estimé que «malgré les résultats obtenus grâce à la pression qu'il a exercée sur les dirigeants pour décrocher leur démission, le mouvement populaire doit élaborer un programme et designer les personnes qui sauront le concrétiser sur le terrain». Considérant que ce régime n'est pas apte à sortir le pays de la crise, l'ex-chef du gouvernement s'est dit prêt à proposer une feuille de route pour la concertation, mais sans prétendre représenter le Hirak «le système de gouvernance qui a conduit le pays à cette situation ne peut organiser une élection présidentielle, raison pour laquelle nous devons nous diriger vers une période de transition». A ce sujet, Benbitour est longuement revenu, jeudi dernier, lors d'une conférence-débat tenue à l'université de Béjaïa, indiquant qu'«il y a nécessité de changer tout le système de gouvernance, celui où la grandeur des individus s'amenuise en face des institutions. Dans tous les pays développés, une importance primordiale est donnée à l'institution, il faut que le zaïmisme se plie face au génie des compétences nationales et à la sueur des bâtisseurs. Les gouvernements doivent s'effacer devant la grandeur de la patrie. C'est à cette gouvernance qu'appelle le peuple». Pour l'ex-chef du gouvernement, techniquement, il s'agit de désigner «cinq personnes qui auront deux missions: la première est de trois mois et consiste à expliquer à la population que le pouvoir en place a accepté de partir, pour qu'il n'y ait pas de soulèvement inutile. La deuxième est celle d'établir une feuille de route pour un gouvernement de transition de 12 mois». La composante de ce gouvernement sera «sélectionnée» au bout de trois mois parmi des candidatures à soumettre à un «audit complet», pour garantir d'avoir les «meilleures personnes». Insistant sur le fait que la rupture avec le régime ne représente aucunement une condition pour l'application de cette feuille de route, il explique que «les cinq personnes seraient membres du Haut Conseil de sécurité et auront pour mission de suivre le travail du gouvernement et de préparer une feuille de route pour l'élection présidentielle, en 12 mois. Les candidats doivent s'imposer la mise en oeuvre d'un programme qui sera préétabli de façon à éviter de rester dans la crise. C'est à nous, peuple, de décider de ce que nous voulons et de mettre en oeuvre les décisions nécessaires pour notre développement».