L'ancien chef de gouvernement estime que le changement ne se réalisera pas à l'initiative de l'étranger. Le changement ne peut pas venir «de l'intérieur du régime, encore moins des institutions sous contrôle du même système», a affirmé l'ex-chef de gouvernement, Ahmed Benbitour, qui a estimé que la révolte doit impérativement se transformer en révolution. Benbitour s'exprimait hier, à l'occasion de sa conférence intitulée: «Les défis pour la reforme politique, pacifique et objective». «Le changement de tout le processus de gouvernance ne peut se faire que par le maintien de la pression de la rue et la construction d'alliances et de réseaux de changement», a-t-il fait savoir. En rappelant que «lorsqu'il y a la rente, le dépérissement des régimes autocratiques est long». «Les marches des 12 et 19 février étaient la première page inscrite dans le processus de changement et les autres vont venir», a souligné Ahmed Benbitour en rappelant qu'«il a participé aux deux manifestations en tant que citoyen et non en tant que leader». «Le moment est plus que jamais propice au changement, nous devons travailler à réunir ensemble les forces de changement pour créer une force de négociation pour réussir ce changement. Le régime est autiste, il est en train de s'enfoncer au profit de la rente sans comprendre que les vents du changement soufflent et que le changement est inéluctable. Maintenant, je crois que la seule chose qu'il puisse faire est de négocier une période de transition sérieuse, de changement. Pour ce faire, le pouvoir pourra négocier avec une commission composée de personnalités nationales, qui aura pour mission, pendant une période de trois mois, de lancer un programme de communication pour expliquer aux gens que le régime est décidé à accepter de réaliser le changement. En second lieu, elle rédige une feuille de route pour la période de transition. Troisièmement, elle sélectionne les membres du gouvernement de sauvegarde de la transition. Ensuite, après les trois mois, il y aura l'installation d'un gouvernement de transition ou de salut national qui travaillera à mettre en place les feuilles de route et préparer l'élection présidentielle anticipée et une nouvelle Constitution dans une période de 12 mois.» Concernant le rappel à l'ordre des puissances internationales, l'ex-chef de gouvernement indiquera que le changement ne concerne que les Algériens. «Nous voulons mener le changement par nos moyens propres comme nous l'avons fait en 1954», a-t-il conclu.. Une attitude assimilée alors à une destruction en règle des institutions élues. Présent à cette conférence, Abdelhamid Mehri a souhaité que «le changement doit être rapide et radical ou profond». Concernant les défaillances structurelles de l'Etat, Benbitour appuiera: «Je ne vois pas au niveau de la hiérarchie de gouvernance des capacités qui peuvent gérer des programmes qui demandent de la convergence». «Lorsqu'on parle de l'investissement de 286 milliards de dollars, on parle de l'utilisation de ressources non renouvelables», a-t-il relevé. Pour ceux qui estiment que les révolutions tunisienne et égyptienne n'auront pas d'influence sur l'Algérie, l'ex-chef de gouvernement s'est référé à la Déclaration du 1er Novembre, où il est consigné que «les événements tunisiens et marocains avaient un impact direct sur le déclenchement de la Révolution armée».