Entre un processus euro-maghrébin qui tarde à voir le jour et les exercices concrets avec les Forces de l'Alliance, la realpolitik reste le maître-mot. Le problème qui se pose à l'Algérie au plan militaire est à la fois simple et complexe. Il s'agit de moderniser les équipements, de se mettre à niveau au plan des manoeuvres (sécurité, contrôle, repérage, interception, etc.), de se doter de directions opérationnelles flexibles et d'arriver vite à moderniser ses troupes. Le dernier n° de la revue militaire El Djeïch consacre de larges articles à la coopération Algérie-Otan et du rapide parcours fait de 2000 à 2005 , et qui a mené les deux parties du dialogue au partenariat. Selon El Djeïch, «l'Algérie fonde sa politique de coopération sur l'unité et l'indivisibilité de la sécurité, une approche globale et équilibrée de la sécurité, le dialogue et la concertation pour favoriser le rapprochement entre les peuples et l'instauration de la paix et la stabilité régionale.» En termes simples, l'Algérie entend bénéficier des grandes expériences mises à portée par l'Otan sans pour autant se démarquer de ses choix stratégiques et traditionnels, tels par exemple ses relations avec la Russie, ses voisins du Maghreb, son aide aux peuples en armes (Sahara occidental et Palestine, notamment) et sa place dans sa triple famille naturelle, arabe, musulmane et africaine. C'est un peu la «politique des petits pas» mise en route par l'Algérie. Et c'est peut-être ce que résume le propos de Mohamed Bedjaoui lors de son allocution d'ouverture devant les séminaristes et experts militaires réunis dernièrement au colloque de l'Inesg: «Il reste encore beaucoup d'efforts à déployer en vue d'améliorer les perceptions réciproques et la couverture médiatique auprès des opinions publiques, notamment arabe et musulmane, afin de corriger certains préjugés, nés d'incompréhensions, de manque de transparence et de concertation dans le processus décisionnel. Nous sommes convaincus que certains clichés négatifs peuvent être dépassés pour peu que l'on s'efforce d'expliquer davantage les missions de l'Otan et la nature de notre coopération.» La coopération entre l'Algérie et l'Otan «est dense et diversifiée», et l'Algérie y apporte «une contribution substantielle en vue de sa promotion en tant qu'instrument actif, à même de contribuer à la réalisation des objectifs de paix, de sécurité et de stabilité en Méditerranée», a souligné M.Bedjaoui, à l'ouverture du séminaire sur la coopération entre l'Algérie et l'Otan. Dans ce cadre, il a qualifié le bilan de cette coopération de «très satisfaisant», et a ajouté que «la perception commune des menaces et des défis auxquels nous sommes tous confrontés est ainsi mieux établie». Pour M.Bedjaoui, le dialogue méditerranéen de l'Otan auquel l'Algérie a adhéré en 2000, «est d'autant plus essentiel qu'il vient opportunément combler un vide, en matière de coopération politico-militaire au sein du processus de Barcelone». Abordant la contribution de l'Algérie à ce dialogue, le chef de la diplomatie algérienne avait rappelé les deux visites du Président Bouteflika au siège de l'Otan, en 2001 et 2002, ainsi que la participation de l'Algérie, «avec détermination et de la façon la plus active à tous les mécanismes relevant de ce dialogue». Dans ce contexte, il a fait mention de la présence de l'Algérie à la réunion ministérielle de Bruxelles (2004), à celle des chefs d'états-majors (2004 et 2005) et à la session parlementaire de l'Otan en mai dernier, ainsi que la visite en Algérie du secrétaire général de l'Otan, M.Jaap de Hoop Scheffer, en novembre 2004. Il a en outre, rappelé «la densité de la relation» entre l'Algérie et l'Otan dans «le domaine opérationnel», attestée par les trois escales navales de l'Alliance au port d'Alger, en 2002, 2003 et 2004, et la participation de l'Algérie à l'opération maritime antiterroriste baptisée «Active Endeavour» de l'Otan. M.Bedjaoui, a en outre relevé «le début encourageant» de cette coopération notamment dans le domaine de la recherche scientifique, la protection civile et l'environnement. Evoquant la dimension politique du dialogue, il a estimé qu'elle ne cesse de connaître «des progrès significatifs». Les liens de coopération tissés entre les forces armées dans la lutte contre les défis internationaux, tels que le terrorisme, le crime organisé, la prolifération des armes de destruction massive, profitent pleinement à l'Algérie, qui est engagée «de plain-pied dans la modernisation et la professionnalisation de ses forces armées», et entend tirer «le meilleur profit de l'expertise éprouvée» de l'Otan en ce domaine. Le dialogue méditerranéen de l'Otan avec ses perspectives, qui a été «hissé au rang de partenariat» lors du Sommet d'Istanbul de juin 2004, est estimé nécessaire avec la mise en pratique de l'idée de rencontres politiques de haut niveau retenue par ce sommet, y compris celles des chefs d'Etat. En fait, pour Alger, l'essentiel réside dans le fait de clarifier ses positions politiques dans sa coopération avec l'Otan. Ses dernières participations dans des exercices avec le dialogue méditerranéen, où il y avait aussi les forces israéliennes, ont prêté à quiproquo. L'engagement de l'Algérie dans sa coopération avec l'Otan cherche surtout à discuter, à refuser des actions imposées, à entreprendre avec l'Otan un partenariat politique et militaire qui ne serait pas à sens unique et à ne pas recourir à une approche uniformisée en matière de sécurité.