En parallèle au rejet de la rue de toute décision émanant du gouvernement, le président du Front El Moustakbel, Abdelaziz Belaïd, estime qu'il est urgent d'aller vers une élection présidentielle. «L'heure est grave», a-t-il fait comprendre, hier, en marge d'une conférence de presse organisée au forum du journal El Moudjahid. D'après lui, la seule voix à travers laquelle doit s'exprimer le peuple est celle «des urnes». «Ça reste la seule issue démocratique pour sortir de cette crise», soutient-il. A propos des conditions de déroulement de cette éventuelle élection, Abdelaziz Belaid préconise «la création d'une commission indépendante qui se chargera de garantir la totale transparence du scrutin». Il expliquera qu'avec un peu de volonté, «trois mois suffiront largement à mettre en place les mécanismes permettant d'aller vers un vote propre». Interpellé sur sa récente rencontre avec Bensalah, geste qui, rappelons-le, a valu au parti de nombreuses critiques, Abdelaziz Belaïd s'est justifié, en jugeant que le dialogue ne doit en aucuns cas être évité. «Nous devons instaurer un débat avec toutes les parties, ceci est nécessaire», a-t-il dit. Concernant les partis et les syndicats refusant tout dialogue avec le nouveau gouvernement, l'intervenant explique que «c'est la pire manière d'agir, car ce comportement induira inévitablement le pourrissement de la situation». Aussi, Abdelaziz Belaïd tient à souligner que le Front El Moustakbel n'a jamais agi dans le dos du peuple, et que sa rencontre avec Abdelkader Bensalah s'est faite de façon «officielle», au vu et au su de toute l'Algérie. «Nous ne procédons jamais de manière opaque», a-t-il assuré en affirmant encore que cette rencontre est juste une «tentative de redresser la situation du pays». A ce titre, il rappellera que bien que les revendications du peuple soient parfaitement légitimes, «l'impact de ces perturbations se fait ressentir négativement sur l'économie et le fonctionnement de tous les secteurs d'activités». Emettant des doutes et des craintes à ce sujet, Abdelaziz Belaïd explique que «les conséquences seront visibles sur le long terme et pourraient même laisser des séquelles». Il insistera une nouvelle fois sur l'importance, voire l'impératif de recourir «au dialogue et encore le dialogue». Il ne faut exclure personne, dit-il, «il est temps de mettre de côté ses jugements et penser au bien du pays». D'après lui, «le peuple ne devrait pas rejeter aussi sèchement le dialogue avec le système». En outre, le SG du Front El Moustakbel dit «assumer» sa démarche, «totalement désintéressée», de rencontrer Abdelkader Bensalah, faisant savoir qu'il compte d'ailleurs prendre part aujourd'hui-même à la réunion de consultation, sur invitation du président par intérim.