«Ceux qui pieusement sont morts pour la patrie Ont droit qu'à leur cercueil la foule vienne et prie. Entre les plus beaux noms leur nom est le plus beau. Toute gloire près d'eux passe et tombe éphémère; Et, comme ferait une mère, La voix d'un peuple entier les berce en leur tombeau!» Victor Hugo Ramzi Yettou est mort, le 19 avril, à 10h20 au service réanimation de l'hôpital Mustapha, des différents traumatismes et commotions qu'il avait au crâne. Il n'a pas pu se remettre du passage à tabac qu'il aurait reçu, vendredi 12 avril dernier de la part de policiers en marge de la grande manifestation du même jour. Il avait 23 ans et effectué son service national, affecté dans une unité à la frontière et n'avait jamais eu de problèmes avec la justice. Il avait quitté son quartier Laâbaziz à Bougara. Les frères et l'oncle de la victime dénoncent un tabassage en règle contre Ramzi, commis par des policiers à proximité de la direction générale des douanes à Tafourah. La police n'a toujours pas communiqué à ce sujet. Ramzy s'était déplacé de la wilaya de Blida, pour venir exprimer pacifiquement son désir d'une vie meilleure. Encore une fois, des voix s'élèvent pour demander une conférence de presse du Dgsn pour lever le voile sur les nombreux agissements inacceptables de la police depuis le début de la révolution pacifique en Algérie. Le jeune manifestant, admis à l'hôpital Mustapha vendredi 12 avril, a succombé à ses blessures le 19 avril. Ses parents fous de douleur déclarent: «Nous avons perdu notre fils et nous ne comptons pas lâcher notre droit à la vérité et à la justice. Adieu Ramzy Justement, nous avons déposé plainte aujourd'hui (samedi) et c'est aux instances judiciaires de faire éclater la vérité», a déclaré Fethi Yettou, le frère du défunt Ramzi. Les parents de la victime réclament le recours aux enregistrements vidéo étant donné que le drame est survenu près de la direction des douanes, à proximité de la gare de Tafourah, une zone dotée de télé-surveillance. Ramzi Yettou est la deuxième victime depuis le début des manifestations le 22 février dernier. La première était Hassan Benkhedda, fils de Benyoucef Benkhedda, président du GPRA de l'Algérie combattante décédé le 1er mars lors d'une bousculade près de la place Addis-Abeba. Ghania Mouffok a écrit ces belles phrases toutes empreintes d'empathie et traduisent une réelle douleur et une réelle colère devant le sort injuste qui veut qu'un policier de son âge probablement, lui a ôté la vie pour une cause injuste: «Aujourd'hui, 20 avril 2019, écrit-elle dans cette terre généreuse de la Mitidja, entre vigne, orangers et pêchers en fleurs, Ramzi Yettou, 23 ans a été enterré. A peine sa mère a-t-elle eu le temps de lui dire adieu qu'il lui était enlevé dans une cohue douloureuse au bord de la folie. Sa famille, nombreuse, ses tantes, ses cousines et ses voisines étaient là pour témoigner de combien il était aimé, toutes défaites par cette disparition qui laissera des traces au plus profond de ce qui ne peut être juste. «La mort est celle de Dieu, disent-elles; mais pourquoi l'ont-ils frappé pour le tuer?». C'est avec une peine réprimée que les garçons, des dizaines et des dizaines, en voisins, en cousins, en amis se sont saisis du défunt dans une rage qui fit trembler le corps de Ramzi, si présent, si pesant. Tous veulent l'emporter dans la promesse que justice lui sera faite sur terre; dans l'attente de Celle de Dieu. «Mettez le drapeau», se souviennent-ils, sur le martyrisé et «Chahid wadjib el watan, el Djazaïri Yettou Ramzi»- a écrit une main de deuil. Pour le martyr de la patrie, l'Algérien Yettou Ramzi. «C'est en suivant l'emblème national que l'on retrouve son domicile, et le premier drapeau en signe d'accueil porte le portrait du Che imprimé. Le Che assassiné au coeur de la Mitidja. Yettou Ramzi est mort de coups portés dans une violence faite pour tuer par des hommes en uniformes bleus. Quels qu'ils soient, les auteurs de ce crime ne peuvent rester impunis. Nous étions cinq femmes, ni d'ici ni d'ailleurs, venues leur dire qu'ils n'étaient pas seuls dans ce deuil aujourd'hui; comme hier nous n'étions pas seules dans la joie de marcher. Non, vous n'avez pas menti d'avoir dit à sa famille que tout le peuple est triste et en colère. Qu'il partageait leur digne colère, leur douleur et leur combat pour la vérité sur ce qui s'appelle un assassinat: «Ils l'ont frappé, frappé et quand un groupe s'arrêtait, un autre recommençait»! Ghania Mouffok, Samia Slimani, Nesrine Dahmoun, Awel Haouati, Nabila Kalache. Un enfant du pays qui a fait son devoir Ramzy Yettou a fait son Service national pendant que d'autres trouvaient des prétextes pour l'éviter; Il l'a fait aux frontières, c'est-à-dire que d'une certaine façon, il était en première ligne pour défendre le pays. Il n'a rien d'un être fragile qui pourrait tomber d'un fourgon Des photos le présentent en tenue de combat et d'autres avec une coupe de cheveux qu'affectionnent les jeunes, montrant par là qu'il s'inscrit dans la mode et l'espérance de nombreux autres printemps qu'un sort funeste a brutalement détruits. Ramzy est mort parce qu'il rêvait lui aussi d'une autre Algérie. Pourquoi frapper pour tuer? Pourquoi briser l'espoir de cette jeunesse qui est dans l'attente d'un sauveur? Par fidélité à nos martyrs, nous allons continuer à nous battre salmya salmya. L'histoire retiendra que les Algériens ont réinventé le concept de non-violence Combien de vendredis faudrait-il pour faire comprendre que les atermoiements ne peuvent pas freiner la marche de l'Histoire. Comment voulons-nous construire un avenir avec des personnes qui sont au bout du rouleau? Inviter une trentaine de personnes clientes du pouvoir ne peut mener qu'au fiasco. Dans une enceinte pratiquement vide. Le secrétaire de la Présidence, Hebba el Okbi, faisant dans la fuite en avant, déclare que «le dialogue se poursuivra pour trouver des solutions à la crise actuelle et organiser des élections transparentes le 4 juillet». La solution est connue. Ceux qui ont amené le pays à ce degré de déchéance, doivent laisser place à des per sonnes nouvelles qui ont un projet pour le pays. Faisant preuve d'un dangereux autisme, le pouvoir n'a pas compris que l'on ne fait pas du neuf avec des personnalités du système, à l'instar des présidents de l'APN qui sont d'abord à questionner sur la gestion du pays. Monsieur Bensalah ne réalise pas que nous sommes au XXIe siècle, que les défis du pays sont immenses et qu'il est urgent de partir. Le fait d'avoir encore miné le terrain en nommant un président du Conseil constitutionnel rejeté par le peuple complique encore plus la solution et comme je l'ai martelé. Une conférence coup d'épée dans l'eau La Constitution n'est pas le Coran. Nous devons avoir comme horizon l'intérêt supérieur du pays. Comment un enfant dans la fleur de l'âge est mort de la bêtise humaine! Plus jamais cela! Ramzy est mort aussi pour que les policiers aient une vie digne. Nous devons tous être vigilants pour donner une espérance à tous les Ramzy vivants et à venir et faire qu'enfin continuer à vivre dans cette immense Algérie, Ramzy, ton combat ne sera pas vain. Nous sommes tous tes parents. Tu ne dois pas être mort pour rien. De là où tu es, aide-nous à terminer ton merveilleux engagement pour une Algérie de tes rêves. Une Algérie où on ne devra plus mourir d'un coup sur la tête. Tu es mort 39 ans, après jour pour jour, les jeunes martyrs du printemps berbère, qui croyaient en une Algérie plurielle tolérante, ouverte sur l'universel, qui donne à chacun la possibilité de s'épanouir, de créer l'avenir sans frein, sans hogra, sans famille révolutionnaire, qui a fait tant de mal au pays par les satrapes qui exploitent le glorieux combat des martyrs et des moudjahidine sans rien prouver par eux-mêmes. C'est pour toutes ces raisons qu'il faut continuer à réclamer justice dans le calme, la sérénité, mais avec détermination. Repose en paix Ramzy. Que Dieu te fasse miséricorde.