L'égypte accueillait hier deux sommets africains pour évoquer en urgence les crises au Soudan et en Libye, sur fond de crainte d'un débordement des troubles au-delà des frontières. Ces réunions, sous la houlette du chef de l'état égyptien Abdel Fattah al-Sissi, président en exercice de l'Union africaine (UA), sont les premières de dirigeants africains sur ces questions. Le sommet sur le Soudan a commencé en premier, selon la présidence égyptienne. M. Sissi s'est réuni avec ses homologues Idriss Déby (Tchad), Ismaïl Omar Guelleh (Djibouti), Paul Kagame (Rwanda), Denis Sassou-Nguesso (Congo), Mohamed Abdullahi Mohamed (Somalie) et Cyril Ramaphosa (Afrique du Sud). Un autre sommet sur la Libye devait réunir autour du chef de l'état égyptien les présidents du Rwanda et d'Afrique du Sud ainsi que celui du Congo, M. Sassou-Nguesso, également président de la commission sur la Libye à l'UA, selon la présidence. Le président de la Commission de l'UA, Moussa Faki, assistait aux deux rencontres, de même que des responsables éthiopien, sud-soudanais, ougandais, kényan et nigérian. Hier, lors d'une rencontre avec le président sud-africain avant le sommet, M. al-Sissi a souligné la nécessité de trouver une «solution africaine» aux crises dans le continent et réaffirmé le soutien de l'égypte «aux choix du peuple soudanais» en soulignant la nécessité de «préserver les institutions». La veille, M. al-Sissi avait reçu Aboubaker Moustafa, le nouveau chef du Service national de renseignement et de sécurité soudanais (NISS), un organe qui avait été accusé d'avoir mené aux premiers mois de la contestation la répression contre les manifestants ayant fait plus de 60 morts et des centaines de blessés depuis le 19 décembre. Dans la capitale soudanaise, les manifestants restent mobilisés devant le QG de l'armée pour réclamer au Conseil militaire de transition de transférer le pouvoir à une autorité civile. En réponse, le Conseil de transition a affirmé lundi qu'»une proposition» des chefs de la contestation était «en cours d'examen, avec d'autres idées venant d'autres forces politiques» et qu'il «communiquera avec chacun pour parvenir à un terrain d'entente». L'UA a menacé le 15 avril de suspendre le Soudan si l'armée ne quittait pas le pouvoir d'ici 15 jours, au profit d'une «autorité politique civile». La réunion sur la Libye a abordé, elle, «les moyens de relancer le processus politique ainsi que l'élimination du terrorisme», toujours selon la présidence égyptienne. Plus de 254 personnes dont des civils ont péri dans les violences, selon l'Organisation mondiale de la santé (OMS). L'émissaire de l'ONU pour la Libye, Ghassan Salamé, a multiplié les mises en garde contre un «embrasement généralisé».