Elle est la directrice artistique des Rencontres cinématographiques, qui viennent confirmer la tenue de leur 17 eme édition en septembre prochain. Pour participer, il vous suffit d'envoyer vos films en Viméo à cette adresse: [email protected] et ce, avant le 12 juin 2019. Aussi, Laïla Aoudj était jeudi à la cinémathèque d'Alger, non pas pour parler des RCB, mais pour assister à une séance spéciale, assurer son soutien indéfectible au film documentaire «Fragments de rêves» qui n'avait pas reçu de visa culturel de la part de la commission de visionnage l'an dernier, chose pour laquelle les organisateurs des RCB avaient annoncé leur suspension tant qu'ils ne pourraient pas jouir d'une totale liberté dans la programmation. Le veto levé sur le film de Bahia Bencheikh El Fegoun, les RCB se devaient de poursuivre leur chemin. Dans cet entretien, Laïla Aoudj revient sur ses péripéties, mais aussi sur les constances des RCB qui n'ont jamais changé... L'Expression: Pouvez -vous nous confirmer tout d'abord la décision de revenir cette année, j'entends les RCB et comment cela s'est fait? Laïla Aoudj: Les RCB ont été gelées, suspendues effectivement à la dernière édition. On avait annoncé le soir de clôture en septembre dernier que le festival allait être suspendu et qu'on comptait ne plus revenir tant qu'on ne pouvait pas travailler de manière libre et ce suite à l'interdiction de faire passer le film «Fragments de rêves» qui avait été donc non autorisé (par le comité de visionnage affilié au ministre de la Culture, Nldr). Le jour où l'on a pris la décision de projeter le film malgré sa non-autorisation, il paraissait naturel que nous annoncions le retour des Rencontres cinématographiques de Béjaïa. Parce que cela voulait dire aussi la reprise de l'espace cinématographique aussi par la société civile. C'est très important. Aujourd'hui vous êtes à la cinémathèque d'Alger où le film «Fragments de rêves» est projeté. Vous accompagnez en quelque sorte ce film. Est-ce très important pour vous? Il y a quelques semaines, à Béjaïa nous avions montré le film à la cinémathèque, c'est pour cela que je parlais de récupération de l'espace cinéma. Aujourd'hui, nous sommes à la cinémathèque d'Alger et symboliquement c'est très fort, c'est un signe de victoire. Cela a eu lieu grâce au ciné-club Cinuvers et surtout à la réalisatrice Bahia Bencheikh El Fegoun qui a porté son film jusqu'au bout. C'est une immense victoire. On a gagné. Le cinéma a gagné. Pour nous,c'est à tout fait normal d'être là. Nous sommes aussi dans une optique d'échange et d'inclusion. On a travaillé l'année dernière au RCB avec les ciné-clubs. On a eu à travailler avec Cinuvers sur d'autres projets. Le fait que notre démarche de montrer le film à Béjaïa ait été reprise ici à Alger par les jeunes de Cinuvers c'est juste génial. Il est tout à fait normal que nous soyons là. C'est une question d'encouragement aussi. C'est dire qu'on est là, qu'on est soudé et que c'est important que ce réseau là se crée. Nous sommes une ancienne structure. Il est tout à fait normal d'aller au-devant des choses dès le départ. Mais cette projection d'aujourd'hui a été portée par le ciné-club et la réalisatrice et c'est important de le souligner.. L'appel à candidature a été lancé. Peut-être que c'est un peu tôt pour parler du programme. Mais peut-on avoir une idée sur les préparatifs de la prochaine édition? Avec quel état d'esprit s'agissant de la conjoncture qu'on vit actuellement? Avez-vous de nouvelles ambitions pour les RCB de 2019? Très sincèrement, le cachet d'une édition dépend énormément de la programmation. Et celle-ci des films reçus. L'appel est ouvert. Nous commençons à recevoir des films. Nous avons déjà reçu beaucoup de films en à peine trois, quatre jours. Maintenant il s'agit de visionner les films au fur et à mesure. De faire une présélection. Ensuite de faire une sélection définitive. Décider aussi des activités annexes, notamment les tables rondes, tout ce qu'on fera à côté... ça se prépare évidemment avec. C'est un peu trop tôt pour vous en parler. Nous avons certains partenariats actuels qui nous permettent de dire qu'il y aurait de la nouveauté pour l'année 2019. Maintenant, est-ce un contexte assez particulier? Bien sûr, mais c'est une édition qui se tiendra comme toutes les autres parce que nous avons toujours tenu à travailler de manière libre. A chaque fois qu'il y a eu des contraintes ou des obstacles, nous avons toujours mis sur la place publique les menaces quant à la liberté de création et de diffusion de films. Je suis tenté de dire que l'édition particulière était celle de l'année dernière où un film a été non autorisé tout comme il y a trois ans aussi avec un autre film (Vote off de Faycal Hammoum, Ndlr)... A notre niveau il y a eu une avancée puisque nous avons pu montrer un film qu'on n'a pas pu montrer l'année dernière. Je rajouterai que cette dimension indépendante et libre a toujours été présente. L'exception c'était l'année dernière et puis il y a trois ans. On n'a pas attendu cette année pour avoir une programmation plus libre. On aura toujours eu la même ligne. On s'est toujours battu pour ça. Est-ce que le Béjaïa Film Laboratoire reviendra cette année? ça dépendra du budget. Et là, nous n'avons pas encore de visibilité. Aussi avec la conjoncture actuelle, on ne sait pas combien sera le budget qu'on aura pour mener l'édition. Pour l'instant, on est encore dans l'étape de préparation et dépôts des dossiers et on attend les réponses. Vous êtes confiant? Qu'est-ce qu'on peut enfin vous souhaiter? Oui, bien sûr, qu'on est confiant! Ce n'est que du bonheur. On souhaiterait beaucoup d'argent pour mener toutes les activités qu'on veut faire...