La justice ne recule plus devant «les privilégiés» de l'ancien système et compte ne laisser aucun malfrat passer à travers les mailles du filet. Libérée par les revendications du Hirak qui réclame mordicus, depuis la première marche du 22 février, la tête de tous ceux qui ont pillé les richesses du pays, et dilapidé l'argent des Algériens, la justice algérienne ne fait, désormais, plus de quartier. Forte de l'appui conféré par le chef d'état-major de l'ANP qui,à travers ses discours, avait insisté sur l'urgence d'entamer les enquêtes contre les personnes soupçonnées de corruption et devant les slogans persistants du mouvement populaire, «tous des voleurs, vous avez ruiné le pays», la justice ne recule plus devant les «les privilégiés» de l'ancien système, et compte, tout en respectant le droit à la présomption d'innocence, ne laisser aucun malfrat passer à travers les mailles du filet. Effectivement, durant ces derniers jours, la liste des personnes interpellées, incarcérées, limogées, n'a de cesse de s'allonger. On y compte des noms de personnes qui se targuaient, par le passé, d'être intouchables. La première action s'est voulue spectaculaire, celle de l'arrestation au poste-frontière tunisien, du P-DG du Groupe Etrhb, Ali Haddad, un des plus grands symboles de l'oligarchie, est tombé. Le point de non-retour dépassé, ont suivi les arrestations des frères Kouninef milliardaires proches du pouvoir, de Issad Rebrab, le patron du Groupe Cevital, qui semblait jouir d'une grande popularité et récemment, du frère du P-DG de Sovac, Khider Oulmi Dans cet élan, la justice a procédé à une série d'interdictions de quitter le territoire national, à l'encontre de grosses fortunes du pays, telles que Mahiedinne Tahkout, Omar Haddad (Rebbouh), Mohamed Baïri, Mohamed Ould Youcef et Brahim Boudia, pour ne citer que ceux-là. En dehors du milieu des affaires, ce sont les figures politiques et les hauts responsables de l'Etat, qui ont connu à leur tour, les effets des revendications du Hirak. Ainsi, l'on a vu la citation à comparaître de l'ancien Premier ministre Ahmed Ouayahia, de l'actuel ministre des Finances et ex-gouverneur de la Banque d'Algérie, Mohamed Loukal, le limogeage des P-DG de Sonatrach, d'Algérie télécom et du directeur de l'Entreprise publique de gestion des résidences d'Etat, Hamid Melzi, et ce en plus d'une déferlante de démissions de hauts responsables. Par ailleurs, parmi les nombreuses victoires du Hirak, la procédure de levée d'immunité de deux anciens ministres de la Solidarité nationale, en l'occurrence, Djamel Ould Abbès et Saïd Barkat, est sans doute une première dans l'histoire de la justice algérienne. Elle renseigne, fortement, sur la chute des remparts mis en place, pour instrumentaliser l'appareil judiciaire. Au rythme où vont les choses, il n'est pas exclu de voir les jours prochains, plusieurs autres têtes tomber. Le ton est donné, la traque continuera de viser les grosses fortunes, sorties subitement, du néant, arborant sans scrupules les signes ostentatoires de richesse. Ceux-là auront à répondre devant la justice de l'émergence de leurs empires, comme l' a exigé la voix du peuple qui durant 20 années, a subi l'emprise d'un régime qui a plongé le pays dans le chaos.